d’égards et d’attentions pour moi. Un mouton
fut tué pour nous faire un grand repas. If ne me
cacha point qu’il avait ajouté foi à fa nouvelle
de f extermination totale d’Ismâyl et de son armée
par fes nègres, et qu’il avait désespéré de me revoir
jamais. Je lui témoignai tout le désir que j’avais
d’aller voir près de Goss-Redgeab, sur l’Atbarah,
les ruines dont parie Burckhardt : mais il me
conseilla fortement de renoncer à ce voyage. II
se serait fait un plaisir, me dit-il, de m’y conduire
lui-même, si de nombreux partis de Choukryehs
Bichàryyns révoltés n’eussent pas infesté en ce
moment le pays de ce côté-là.
. Le 5 avril, à six heures et demie, notre hôte
vénérable vint m’accompagner à une lieue sur la
route. If me fit accepter un singe qu’il avait pris
sur les rives du Dender ; je lui offris en retour
un fusil , et nous nous quittâmes en nous donnant
des marques d’amitié,
Les petites sinuosités que le fleuve décrit, les
arbres et les terres cultivées qui couvrent ses bords,
ne permettant point de le longer de près, la route
la plus fréquentée s’en écarte tantôt d’un quart de
lieue, tantôt d’une demi - lieue, et passe à travers
le désert. A une lieue et demie du village> de
Géhel, au pied d’une petite montagne, j’aperçus
des fragmens de colonnes et quelques pans de
murs qui avaient appartenu à deux petits sanctuaires
: des murailles bâties en pierres brutes
formaient autour d’eux une enceinte. Près de là,
des monceaux de briques cuites brisées annonçaient
que, sur cette place i avait existé une ville,
A un quart de lieue plus loin, nous rencontrâmes
plusieurs villages nommés Saqâdi, situés sur une
partie élevée du désert : à une lieue environ de ces
villages, je vis encore des tas de décombres;
mais aucune pierre de quelque volume ne s y
faisait remarquer.
Après avoir laissé derrière nous Q.abâty, Hal-
lâouyeb, Hallealiab et plusieurs autres villages
éloignés du fleuve, à cinq heures et demie nous
nous arrêtâmes à el-Goubârâb, village près du
Nil, à peu de distance de l’Atbarah.
Le 6 avril, à six heures et demie , nous continuâmes
notre route. Nos montures allaient grand
train : en deux heures, nous arrivâmes à Ad-
Dâmer, petite ville située près de l’Atbarah : les
maisons y sont carrées , surmontées de terrasses',
et assez bien bâties ; sa population peut être
évaluée à deux mille ames. II s’y tient un grand
marché où l’on se rend de Barbar et de tous les
environs : on le dit bien approvisionné ejp esclaves,