CHAPITRE LV.
Absyr. — Grand temple d’EbsamboI. — M. Sait. — Temple
d’Àmada; celui de Sebou. — Mort du capitaine .Gorthon.—
Temple de Deqqçfi.— Grand temple d’el-Qalâbcbeh.— M. Sève.
— Organisation des troupes du PacIia.— Lieux pre'sumés appartenir
aux institutions religieuses des anciens Egyptiens. — Leur
première civilisation.— Monumens supposés les plus anciens de
la Nubie. — Observation géologique.— Village romain.— Course
à Ouâdy el-K anys.— Edfoû. -^-Pyramide de Mahammerieh.—
Ruines de Me'dyiiet-Abou.— Arrivée à Tbèbes.
Du haut du rocher d’Absyr , on jouit de la
magnifique perspective de la cataracte d’Ouâdy-
Halfiah. J ’ai déjà redit tout ce que l’on ressent
d’admiration à la vue de ces immenses forets de
rochers à travers lesquelles le Nil s’échappa avec
fureur, e t, se déployant ensuite en de belles
nappes d’eau , baigne paisiblement ies bords de
jolies îles verdoyantes.
Je dessinai une vue de cette cataracte ( voy.
voi: n, pi. xxxn).
Nous passâmes ici ïe reste de la journée au
milieü des ruines d’une ancienne église chrétienne
{voy. pl. XXXI). L’intérieur était dwisé en six
arcades : sur quelques pans dé murs, on reconnaît
encore les traces de figures d’àpôtres peintes
grossièrement à fresque. Le soir nous nous rendîmes
au bas de la cataracte, en face d’Ouâdy-
Haifah : mon intention était de traverser ïe fleuve,
pour me procurer auprès du kâehef des nouvelles
du Caire ; mais nous tirâmes en vain
plusieurs coups de fusil ; personne ne vint. Nous
continuâmés donc notre route, et nous arrivâmes
ïe 13 à Arguy, village près du fleuve. Ce fieu
me rappela que j’étais vivement travaillé par ïa
fièvre lorsque j’y passai la première fois ; et je
bénis le ciel qui m’en avait délivré si prompte-?
ment, tandis que M. Letorzec n’en fut quitte
qu’au bout de six mois. Plusieurs habitans nous
reconnurent, et nous félicitèrent cordialement
de notre retour, et sur ce qu’un seul d’entm nous,
Thomas Born, Maltais, mort à Sennâr, avait
succombé dans cette aventureuse campagne.
Nous fîmes quelques provisions, et le lendemain
nous continuâmes à longer le fleuve. Je préférais
encore faire route sur ce côté, où se trouvent la
majeure partie de ces monumens que je devais
peut-être voir pour la dernière fois. A midi, nous
arrivâmes sur les terres de Faras. La chaleur était
extrême; n’étant à proximité d’aucune habitation,
nous allâmes chercher un abri dans un santon