touffes de verdure qui tapissent en partie cette
île et celles du voisinage, contrastent d’une manière
frappante avec la couleur noire de ces
rochers, la teinte ferrugineuse des sables et la
blancheur des eaux écumantes qui se précipitent
en bouillonnant, et semblent s’irriter des
obstacles qui ralentissent leur course.
Ge tableau, quoique sombre et sauvage , a
quelque chose qui charme et qui émeut. Je levai
deux vues de cette partie du fleuve; mais le
pinceau lui-mëme réussirait à peine à rendre les
effets de cette nature singulière. ( Voy. pl. XXI etxxn, vol. II.)
Sur le spir, nous partîmes, et, après avoir reposé
quelques heures dans la nuit, nous arrivâmes
à Semneh le 7 juin à dix heures du matin. Le
petit nombre d’habitans que nous y avions trouvés
à notre premier passage, las d’être en butte
au pillage des troupes turques, avaient pris le
parti d’abandonner f humble toit de leurs pères.
Déjà les sables du désert avaient envahi presque
totalement le peu de terres cultivées qui fournissaient
à la subsistance de ces pauvres gens.
Mon intention étant de demeurer ici quelques
jours, nous allâmes pour nous établir dans le
temple; mais à son approche, nous fûmes repoussés
par une odeur infecte qui s’en exhalait;
c’était celle d’un chameau en putréfaction : mes
Arabes nous en débarrassèrent en le livrant au
courant du fleuve; mais cela ne suffit point pour
faire évaporer la puanteur. En conséquence,
nous nous installâmes en dehors de l’édifice,
sous les piliers de l’est.
M. Letorzec était toujours tourmenté de la
fièvre : l’excès de la chaleur et les fatigues l’affaiblissaient,
et je n’étais pas sans crainte sur son
état. Nous passâmes ici quatre jours : ce repos
lui fit du bien. J ’employai en partie ce temps
à dessiner les bas-reliefs et les hiéroglyphes du
monument (pl. XXVII, fig. 1). Un des tableaux
représente le sujet répété d’un roi à genoux et
faisant des offrandes. D’après l’alphabet hiéroglyphique
de M. Çhampollion le jeune, ce roi
est Thoutmosis HT, de la dix-huitième dynastie,
que donne la table généalogique de l’antique
Abydos. Par l’époque du règne de ce roi, nous
apprenons que ce monument dut être élevé sur
la fin du dix-septième siècle avant l’ère chrétienne.
Le même cartouche, composé du scarabée, d’une
espèce de rateau et du disque, avec l’image du
roi, se reproduit en divers endroits de ce temple.
Dans les planches XXVIII et XXIX, où il est
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