d’un grand intérêt pour l’étude de cette langue
sacrée. Mais quelle fut ma surprise d’y trouver
un Grec qui faisait démolir cette partie d’édifice
pour le compte d’Anglais qui devaient, disait-il,
1 envoyer à Londres! Je tentai de m’opposer à
cet acte de vandalisme , en lui faisant observer
que M. Sait, qui jusqu’alors avait montré tant
de respect pour les monumens, n’avait pu consentir
à une pareille destruction. II me répondit
qu’il avait des ordres supérieurs ; que d’ailleurs
il ne ferait pas plus de mal au temple de Karnak
qu’un Français n’en avait fait à celui de Den-
derah. J ’eus donc la douleur de voir de barbares
Arabes ébranler en tirant à force de bras avec
des cordes et faire écrouler une colonne et des
soffités que plus de trois mille ans avaient respectés,
Cette muraille sur laquelle je m’étais
flatté de recueillir un si riche butin, subit sous
mes yeux le même sort. Ces pierres, traitées
sans ménagement, se couvraient d'éclats sur les
angles, et ne valaient plus les frais du transport.
Plus tard, M. Sait, consul d’Angleterre, m’exprima
tous les regrets qu’il avait eus de cette
destruction ; un voyageur anglais dont je tairai
le nom, en avait seul été l’auteur. On ne peut
qu’applaudir aux mesures sévères prises depuis
peu par Mohammed - Aly , qui s’est déclaré le
protecteur des monumens de l’Egypte , que des
sujets de nations plus civilisées ne savent pas
assez respecter *.
C H A PIT R E LVII.
Projet de voyage pour les oasis. — Recherches des sculptures d’un
planisphère, à A’kmyn.— Table ge'ne'alogique trouvée à Abydos.
— Incident fâcheux. — Retour à Gournah. — Peintures des
hypogées de Thèbes, représentant divers sujets d’arts.— Départ
pour le Caire. — Tcharon. — Superstition du peuple. —
M. RuppeL
J ’avais projeté de m’occuper à Thèbes,.
durant tout le mois de juillet, d’aller passer aux
oasis de Khargeh et de Dakhel les mois d’août
et de septembre, et de partir ensuite pour la
France. Je me proposais de copier les hiéroglyphes
tracés sut4 les murs des temples de ces
deux oasis, et de prendre du territoire de celles-
ci une connaissance plus exacte qu’il ne m’avait
été permis de le faire à mon premier voyage.
* Je regrettais vivement de ii’avoir pu prendre un dessin de ces
hiéroglyphes : M. Sait eut l’ohligeance de m’en faire parvenir une
copie en France, par la personne même qui les avait détruits.
M. Jomard, qui la possède aujourd’hui, la publiera sans doute un
jour.