devant chaque représentation d’un personnage
éminent. Ici leur assemblage fixa mon attention,
et je m’empressai de les dessiner.
J’avoue cependant que j’étais loin alors d’apprécier
toute l’importance de ma découverte. A mon
retour à Paris, je mis sous les yeux de M. Chani-
pollion le jeune la copie que j’avais prise de ces
cartouches ; et il y reconnut le morceau le plus
précieux en ce genre qu’on se fût procuré jusqu’à
ce jour. C’était une table chronologique des anciens
Pharaons, désignés par leurs noms royaux.
Malheureusement quelques parties de ces légendes
ont subi le sort de l’édifice lui - même ;
la surface qui les porte est dégradée vers le haut
et par côté, comme le fait voir mon dessin; et
dès-lors plusieurs cartouches se trouvent détruits,
même parmi ceux de la seconde ligne. La paroi
opposée, qui se prolonge davantage, indique
que l’édifice avait plus de profondeur; il se peut
donc que les rangées d’hiéroglyphes fussent plus
longues aussi , et même se continuassent en
retour sur le mur de face. D’après les Recherches
de MM. ChampoIIion, qui confirment souvent
l’exactitude de Manéthon, les six premiers noms
a droite, sur la seconde ligne, sont ceux des six
Pharaons de la xvn.\ dynastie légitime, qui y
sont classés par ordre de succession. Ces princes,
du temps même que les pasteurs occupaient le
territoire de Memphis, régnèrent, durant deux
cent soixante ans, sur quelques contrées delà
haute Egypte, et ils élevèrent des temples en
Nubie : cette dynastie commença donc deux
mille quatre-vingt-deux ans avant lere chrétienne.
Les cartouches suivans, en allant toujours de
droite à gauche, appartiennent à la xvill/ dynastie,
aujourd’hui bien connue, et dont le premier
roi Aménoftep * ou Amosis Thoutmosis (de
Manéthon) , date de dix-huit cent vingt-deux ans
avant l’ère chrétienne. Les douze noms royaux
qni. subsistent en partie dans la ligne supérieure,
ne ressemblent point à ceux* qui sont connus
pour appartenir à la xvi,c dynastie : o r, cette
dynastie a occupé une période de cent quatre-
vingt-dix années, ce qui en place le commencement
à deux mille deux cent soixante-douze ans
avant l’ère chrétienne ; ces douze noms sont donc
ceux de princes qui ont vécu dans des temps
encore plus reculés. Espérons que les recherches
de MM. ChampoIIion établiront sur des bases
fixes ce point intéressant de chronologie.
Suivant MM. Champoîiion. Voy. leurs lettres première et
deuxième àM. le duc d'e Bîaeas, d’où j’ai extrait ces renséignemens.
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