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le bois. Je descendis pour suivre un moment
ses traces; mais je ne pus le voir de près; Cet
animal paraît être ici très-commun; par-tout on
y rencontre ses excrémens et les traces de ses
pas. Ma course ne fut pas tout-à-fait en pure
perte : ayant aperçu un arbre tout couvert de
petits oiseaux, je tirai dessus, et j’en abattis
d’un seul coup une quantité suffisante pour notre
repas.
Des Arabes que nous trouvâmes ici., nous
apprirent que c’était dans le voisinage que fut
enlevé le convoi de poudres et son escorte massacrée.
Les habitans qui s’étaient portés à cette
extrémité, avaient déserté leur village, et n’y
avaient plus reparu depuis lors. Cette confidence
nous fit mettre sur nos gardes ; et tous les hommes
* de notre petit équipage eurent l’attention de se
tenir éveillés toutes les nuits chacun à tour de
rôle.
Le 22 et le 23, malgré les efforts de seize
rameurs, nous avancions lentement; un fort
vent du nord contrariait notre marche. Les bords
du fleuve étaient encore moins boisés que le
jour précédent. Nous commencions à voir
un plus grand nombre de villages, qui tous
étaient à une certaine distance dans les terres.
Le 23 au soir, nous amarrâmes près du grand
village de Seyrroû. Nous étions encore à deux
journées de Sennâr. Ici nous apprîmes que
l’armée d’Ibrahym, restée sous le commandement
du jeune Toussoun bey et de son séïectar,
n’avait pas eu plus de succès au Dinka que celle
d’Ismâyl dans le Bertât ; que cette armée était
arrivée au Sennâr depuis dix jours, tandis qu’Is-
mâyl l’attendait au Fazoql, pour se renforcer,
et tenter, en se rendant ensemble au Sennâr,
de nouvelles entreprises contre les nègres. Je
sus plus tard que, vivement contrarié de se voir
abandonné à ses propres ressources , et d’être
ainsi hors d’état de rien entreprendre, il avait
pris le parti, le seul qui lui restât, de revenir
aussitôt lui-même.
Le 24 et le 25 février, le vent toujours contraire
nous forçait à nous arrêter sans cesse.
Pour réparer cette perte de temps, nous naviguions
une partie de la nuit.
Le 26, nous passâmes en vue de Hellet el-
Cheryf ; et bientôt après, notre barque s’arrêta
sous la ville de Sennâr, en face de la maison
que nous y avions habitée.