à partir. Dans la nuit, nous nous arrêtâmes pour
nous reposer une couple d’heurës : mais le sommeil
, de sa pleine puissance, cassa nôtre décision ;
nous en avions dormi quatre et àu-delà, lorsque
nous nous éveillâmes. Chacun se hâta de remonter
sur son chameau, et de l'exciter à la marche,
pour réparer en partie le temps perdu; A onze
heures et demie du matin , nous fîmes halte :
ie thermomètre en ce moment marquait 48 degrés
à l’ombre ; au soleil, il allait jusqu’à 53 degrés.
Ici, nous ressentîmes les effets du vent du désert ;
ou khamsyn*; il soufflait du nord-ouest : le ciel
s’obscurcit et présentait un aspect effrayant; l’atmosphère
était chargée de tourbillons d’une poussière
ténue ; le soleil ne répandait qu’une lueur
terne et rougeâtre. Enfin nous nous crûmes à
la veillé de recevoir le châtiment de la témérité
que nous avions eue dé prendre cette route.
Par bonheur; cet horrible ouragan n’eut point
de suite , et le lendemain le calme était rétabli
sur ces plages arides *\
* Ce mot signifie cinquante, parce que c’estpendant ce nombre
de joiiirs, aux moië dë juin .èi de juillet, que chaque année 'en
Egypte on ressent plus ou moins cê vent chaud.
** Je me suis vu diverses fois en butte aux atteintes de ce vent
redoutable. II souffle ordinairement trois jours de suite : ses rafales
brûlantes ressemblent aux exhalaisons qui s’échappent de la
Cet endroit du désert est nommé el-Salamât
[Soyez le bienvenu] : il y croissait quelques petits
acacias. Quoique le vent vînt du nord, il acquérait
un haut degré de chaleur en passant sur ces
sables brûlans. A cinq heures du soir, nous nous
remîmes en route., Comme il nous était impossible
, le jour, de clore la paupière, il nous fallut
encore consacrer, cette nuit-là, quelques heures
au sommeil; malgré ce repos réparateur, dès
que nous étions remontés sur nos chameaux, le
balancement uniforme de leur allure nous plongeait
dans un assoupissement insurmontable, et
nous étions sans cesse en danger de tomber à
terre.
Nous nous arrêtâmes à onze heures le 16.
Quoique je me fusse muni d’une douzaine d’outres
pleines d’eau, le fréquent usage qu’une soif inextinguible
nous forçait d’en faire, et l’évaporation
considérable causée par l’intensité de la chaleur,
bouche d’un four fortement chauffé. La peau se sèch e, la respiration
devient difficile ; on a beau boire souvent, on éprouve une
chaleur interne insupportable. C’est ce que j’éprouvai sur-tout à
Syout, où le khamsyn vient du sud-ouest : il souffla durant quatre
jours; les marchés et les rues étaient déserts; chacun restait
soigneusement renfermé chez soi le jour comme la nuit, et les
affaires ne reprirent leur cours que lorsque la tourmente fut
entièrement apaisée.