vain ; nous ignorions que le pacha venait de
mettre un embargo sur les bâtimens en partance,
parce qu’il était sur Je point d’expédier
quelques vaisseaux contre les Grecs. Le lendemain,
cette flottille sortit : elle, était composée
d’une frégate , un brig et une goélette. Vingt-
quatre heures après, l’embargo fut levé.
Le 30 au matin, nous mîmes à la voile : bientôt
nous .perdîmes de vue la terre d’Égypte, et
nous cinglions vers cette France que nous aspirions
tant à revoir.
Le l.er novembre, au jour, nous reçûmes un
coup de vent terrible-du nord-ouest, qui brisa
notre grande vergue , emporta la grande voile et
déchira les huniers. Cette bourrasque nous
amena bientôt une mer agitée, qui nous tint
trois jours à la cape sous la brigantine et la voile
de grand étai, temps durant lequel nous fûmes
violemment ballottés par les flots en courroux.
Enfin la pluie vint ramener le calme à leur surface.
Le 5, nous n’étions qua trente lieues d’Alexandrie,
contrariés par de forts vents et des
grains qui nous tenaient souvent à la cape; ce
ne fut que le 11 que nous vîmes la terre très-
élevée de Candie. Du 13 au 15, nous eûmes
encore à souffrir du vent contraire et d’une grosse
mer. Le bâtiment faisait beaucoup d’eau. Voisins
de la terre et faisant peu de fond sur l’expérience
du capitaine, nous tremblions de voir le bâtiment
jeté sur la côte de Candie : tout conseillait
de gagner un port ; tel était aussi le désir du
capitaine. Il essaya vainement de porter vers
celui de Milo : enfin les vents , passant au nord-
nord-est, nous permirent de continuer notre
route. On répara les voiles les plus nécessaires,
et quelques brises favorables nous conduisirent
en peu de jours près de l’île d’Elbe. Le 28, on fit
de F eau au mont Christ. Le 30, contrariés par
un vent impétueux et la mer n’étant plus tenable,
on dirigea la route sur le golfe dé la Spezzia.
Après avoir passé une fort mauvaise nuit, nous
reconnûmes terre au point du jour ; mais au lieu
de nous trouver à la Spezzia, nous étions en face
de Gènes. Un fort vent du nord nous obligea de
louvoyer long-temps devant cette ville : à onze
heures, nous entrâmes dans le port, où nous
mouillâmes sous le môle neuf.
Le l.er décembre,' le vent calma, et se mit
bientôt à souffler du sud-ouest ; le 2 , il se faisait
sentir avec une violence épouvantable; la mer
était extrêmement agitée ; la tourmente allait
toujours croissant. Quoique dans le port et avec