vement le disque lunaire de la forme ronde à
celle d’un croissant. C’est cette dernière forme
qu’ils donnent souvent à leurs casse-têtes ; j’en ai
rapporté un de ce genre {boy. vol. H, pl. LVI,
fîg. 6 ). Ils révèrent aussi de prétendus prophètes
ou saints personnages. A la montagne de Kilgou j
par exemple, les habitans n’avaient qu'un cri
pour invoquer leur grand Abdal-Kâder, à qui ils
attribuent le pouvoir de faire tomber ou cesser
les pluies : le baobab est aussi en plusieurs lieux
l’objet d’un culte particulier. II est vrai que cet
arbre, par ses proportions colossales et ses formes
étranges, offre quelque chose de syrnaturel
bien capable d’inspirer des idées superstitieuses
à des hommes ignorans et grossiers. Ils immolent
des brebis et lés suspëndent à son tronc,
ainsi que des vases pleins d’eau ,.en guise d’offrandes.
Je vis à Kilgou un de ces arbres dans
lequel étaient fichées une grande quantité de
chevilles où les dévots venaient attacher leurs
pieux dons. En face il y avait une aire en argile
battue , où ils se prosternaient pour adresser des
voeux à leur idole. Je voulus moi-même rendre
à ma manière un hommage durable à cette
divinité végétale, et je gravai mon nom sur son
écorce. La polygamie existe parmi cés nègres ;
la coutume les autorise à prendre autant de
femmes qu’ils ont de boeufs et de vaches. Les
plus riches d’entre eux donnent pour dot à leurs
filles deux vaches et dix moutons: plusieurs de
ces derniers animaux sont consommés dans le
festin de noce. Une vache , deux moutons et une
pièce de toile, sont ce qu’on peut apporter de
moins en mariage. Les formalités de l’union conjugale
ne sont ni longues ni compliquées : toute la
cérémonie se réduit à un repas de famille. II est
d’usage que les nouveaux mariés se frottent le
corps, pendant les premiers jours, avec un mélange
de graisse et d’ocre rouge, en plus grande
quantité qu’à l’ordinaire..On ne connaît chez ces
peuplades ni la circoncision des hommes, ni *.
cette lacération cruelle que les musulmans du
Sennâr font subir au sexe féminin. Lorsqu’une
personne meurt, les parens et les amis, après
avoir sangloté long-temps en chorus, pétrissent
de la graisse et de la terre rouge, et en barbouillent
Iç défunt de la tête aux pieds. Si c’est
un homme, on lui rase la barbe, et quelquefois
on 1’épile entièrement. On l’ensevelit ensuite
dans un linceul, en laissant les pieds à découvert,
et on Ienterre dans une fosse profonde tout près
de sa maison.