raison (vol. Il , pl. LV I,. f%. 12 et 121 ). Les
nègres font la hampe des leurs avec une tige de
bambou très-légère, de 5 à 6 pieds de longueur:
ces lances, attendu la rareté du fer, sont souvent
garnies d une corne droite bien pointue*. Ils ont
de plus un casse-tête en bois dur, qu’ils portent
à la ceinture : il est plus ou moins bien façonné,
et ils y figurent quelquefois cfes croissans. J’en
ai rapporté plusieurs des nègres de Kilgou et
de Tâby (vol. II, pl. LVI, fig. &, 7 ,4 , et 5).
Il y a aussi d’autres casse-têtes, armés d’un
tranchant en fer ; leur forme recourbée donne
la facilité de les suspendre aux arbres et aide
celui qui les porte à s’accrocher en gravissant sur
les montagnes. Cette arme, rare chez les nègres,
est familière aux Arabes nomades du Bouroum.
Je donne, dans la planche citée, des figures
d’armes des anciens Égyptiens qui m’ont paru
avoir de la ressemblance avec ces casse-têtes. Us
Ont des boucliers en losange, pareils du reste à
ceux des Sennâriens : ils sont en peau de girafïe
(voy. vol.H, pl. LV I, fig. 3 et 9). La trompette
guerrière au son de laquelle ils se rallient, est une
espèce de cornet à bouquin, droit et recouvert
de peau. J ’en ai rapporté une, trouvée au mont
Tâby (vol. H, pl. LVI, fig 13). Ils font aussi
usage d’un sifflet recouvert d’une peau de serpent
(ibid. fig. 14). La fronde est encore unè de leurs
armes. Dans les guerres qu’ils se font de peuplade
à peuplade, ils se présentent au combat avec
deux ou trois lances dans la main gauche : rarement
ils jettent la troisième avant den avoir
ramassé une de l’ennemi. Si c’est en plaine que les
deux partis se trouvent en présence, ils courent
les uns sur les autres, et prennent en marchant
des postures bizarres : ils écartent à chaque
instant les jambes, sautent, ploient les jarrets
avec agilité; enfin leur pas de charge a tous les
caractères d’une danse grotesque. Lorsqu’ils se
jugent à une distance convenable, ils mettent
un genou en terre, se couvrent de leurs boucliers,
et lancent leurs javelots en poussant un
cri, puis ramassent ceux que' l’ennemi a fait
pleuvoir sur eux en même temps. L’action s’anime;
les lances volent; elles sont reçues et
renvoyées départ et d’autre, et, si je puis
m’exprimer ainsi, font la navette. Quand il n’est
plus possible de ramasser des lances, sans mettre
de la confusion entre eux, et que la victoire
est encore indécise , ils saisissent leurs casse-
têtes, les chefs leurs sabres à deux tranchans, s’ils
en ont ; la lutte s’engage; corps à corps, et c’est