ne point s’exposer à un péril inévitable. Ceux-
ci cèdent à ces exhortations, jettent leurs lances,
leurs boucliers, et s’asseyent par terre à côté de
leurs femmes. Leurs adversaires accourent alors,
et s’emparent d’eux sans coup férir. Au cas où ,
quoique en force, un parti de nègres commence
à lâcher pied, les femmes prennent part à l’action
et se battent avec acharnement : si la fortune
trahit leur courage, elles font éclater leur rage
en mordant tout ce qui se trouve à leur portée,
et déchirent à belles dents les mains de leurs
vainqueurs qui viennent les enchaîner. Lorsqu’un
chef ennemi tombe sous leurs coups, ils lui font
subir la mutilation dont j’ai déjà parlé, placent
son corps sur un bûcher et le brûlent. Le pansement
des blessures se réduit à les laver ; si le
fleuve est à proximité du champ de bataille, on
y plonge le blessé. La forcé et l’humeur belliqueuse
des nègres du Dinka, les font rechercher
des méliks voisins, qui s’efforcent à l’envi de
les attirer dans leurs troupes, ou de s’en faire des
auxiliaires , en leur envoyant des présens de
bestiaux. C’est ainsi que les méliks au-dessus
de Sennâr sont toujours en bonne intelligence
avec ces nègres. Tous les ans, lors de la raison
des pluies, ils viennent dans le BourourR., chez
leurs voisins des monts Goul, Rore, Qérébyn,
qui dépendent du Sennâr , pour, y faire des
échanges d’esclaves et de bestiaux, et s’approvisionner
de dourah. Un gros boeuf se donne
pour deux veaux, cinq ou six moutons pour un
boeuf, un gros boeuf pour une petite vache :
en fait d’animaux domestiques, les femelles ont
toujours une valeur vénale supérieure. En s en
retournant, s’ils trouvent un petit village, ils
enlèvent hommes, femmes, enfans, bestiaux et
récoltes. L’année suivante, ils vont d’un autre
côté échanger les prisonniers qu’ils ont entre
les mains ; et il arrive parfois que des parens
retrouvent et rachètent ainsi quelques-uns des
leurs qu’on leur a ravis.
Leurs cabanes sont construites comme celles
que j’ai déjà fait connaître. Ils se servent de
troncs d’arbres creusés pour naviguer sur le
fleuve Blanc, et les dirigent avec des rames à
larges spatules. Ils tuent à coups de lance les
animaux dont ils veulent manger la viande ; si
c’est un boeuf, ils lui attachent les quatre pieds
et le font tomber auparavant.
Les astres, m’a-t-on dit, sont l’objet de leur
culte. Ils ont un dialecte qui leur est propre.
On assure que les nègres qui habitent au-dessus