et diverses espèces de pierres précieuses; Je
l’ébène, et d’autres bois estimés. La ville de
Méroé, composée d’un petit nombre d’édifices,
renfermait un célèbre temple d’Ammon * ; de
nombreux sanctuaires étaient répandus sur toute
file. Dans le temps de sa splendeur, sous la domination
des Ethiopiens, ce royaume pouvait
lutter contre les plus puissans états ; aussi
avait-il envahi l’Egypte. II pouvait mettre sur
pied deux cent cinquante mille hommes ** ; on
y comptait quatre cent mille artisans ou ouvriers;
quarante-cinq'rois y régnèrent; la souveraineté
était sur-tout dévolue aux femmes ;
en effet, du temps d’Auguste, l’Ethiopie était
gouvernée par une reine ; et à l’époque où les
envoyés de Néron y arrivèrent, une princesse
Candace *** y tenait les rênes du gouvernement.
Aujourd’hui cette île fameuse n’est plus habitée
que par quelques tribus d’Arabes, qui y cultivent
du dourah, élèvent des chameaux, du bétail,
de nombreux troupeaux de moutons : la majeure
partie de sa surface est devenue le repaire des
Peut-être celui dont on retrouve les restes à Danqeyleh.
* * Plin. liv. v i , chap. 29. Cependant ce nombre me paraît un
peu exagéré. Peut-être y comprenait-on le contingent de quelque
e'tat voisin tributaire.
*** Nom devenu commun à toutes les reines d’Ethiopie.
animaux sauvages ; et ces vastes débris d’édifices,
qu’on y voit amoncelés de loin à loin, semblent
avoir été épargnés par la main du temps pour
rappeler aux nations que la puissance et la splendeur
ne les mettent point à l’abri de ses coups.
Mais quelque misérable que soit l’état actuel
de cette contfée célèbre, on est disposé, en la
parcourant, à ne plus taxer-d’exagération tout
ce qu’on a dit de son ancien lustre. Baignée par
des rivières qui l’entourent, fécondée, sur-tout
vers le sud , par des pluies périodiques qui raniment
la végétation même parmi les sables du
désert, cette terre dut combler de ses dons le
cultivateur intelligent et . actif qui lui demandait
le prix de ses sueurs. Ces nombreux débris d’édifices
que nous connaissons déjà; ceux que Fon
découvrira un jour à Mandeyr, à Kély et sur
tant d’autres points où les regards de l’observateur
n’ont point encore pénétré, révèlent d’une manière
indubitable l’existence sur cette île d’une
grande population, déjà parvenue à un haut degré
de civilisation et d’industrie.
Le 4, à la nuit, je quittai les pyramides pour
aller coucher au village de Gébel, chez le faqyr
eï-Omar, que j’avais promis de visiter à mon
retour : je retrouvai ce bon faqyr toujours plein