mains très-longs; ce caractère que l’artiste s’est
donné la peine d’exprimer, et qu’on ne remarque
point dans les ouvrages de ceux de la basse
Nubie et de l'Egypte, atteste l’antiquité de l’usage
où sont encore les femmes d’un rang élevé, dans
ce pays, ainsi qu’en Egypte et dans le Levant,
de laisser croître leurs ongles, qu’elles rougissent
avec une teinture de henneh *.
Sur la face postérieure du temple (pl. XVIII,
fig. l) est représentée une figure à quatre bras
et à trois têtes de lion. Cet être symbolique, qui
paraît emprunté à la théogonie indienne, n’a encore
été remarqué nulle part ailleurs dans ces
contrées, et n’est peut-être ici qu’un emblème
caractéristique de la force et de la puissance des
augustes époux qui reparaissent dans tous ces
bas-reliefs, toujours revêtus des insignes de leur
souveraineté. A droite et à gauche de ce dernier
sujet, sont deux figures remarquables par les
ornemens ou broderies de leurs longues tuniques,
dont l’une est toute couverte de la croix à anse,
et l’autre de croissans : ces figures semblent tenir
un anneau à médaillon, portant sans doute l’em*
J’ai souvent trouvé , dans les hypogées de T hèbes, des momies
qui offraient cette particularité. Je possède une mai» dont les.
ongles très-longs ont parfaitement conservé leur couleur rouge.
preinte du sceau royal. Ces figures , comme celles
des faces latérales, sont peu élancées ; le style
en ést lourd et massif; plusieurs personnages,
et la reine sur-tout, y sont représentés avec des
hanches d’une ampleur excessive.
Les sculptures de l’intérieur sont presque entièrement
détruites’: cet état de dégradation, dû,
je suppose, à leur peu de profondeur et à faction
des eaux pluviales, ne me permit pas de les dessiner*.
On doit remarquer qu’en général les figures
de ce monument n’ont point l’indication de barbe
si commune dans les sculptures des monumens
d’Egypte. Le caractère particulier que présente
leur costume, l’embonpoint des personnages, font
évidemment reconnaître un peuple très-distinct
de celui de l’Egypte, quoique paraissant avoir
la même écriture symbolique et les mêmes idées
religieuses. A 11 mètres dans le sud-est, en
avant de ce temple, est un petit portique isolé
de toute autre construction (y'oy. le plan pl. XV,
* Ce qui est d’autant plus à regretter , qu’elles auraient offert
dés figures d’un gènre particulier, représentées de face. T elle était
entre autres, sur le mur du fond, la pose du personnage assis, qui
avait le visage barbu comme celui des prisonniers du pylône. On
ne voit sculptées de face, sur les monumens de l’Égypte et de la
basse Nubie, que des figures de Typhon et quelques-unes d’étrangers
captifs.