de mes effets, qui forent perdus ou gâtés. Enfin
on parvint à étancher la voie d’eau en la calfatant
le mieux possible, et l’on replaça les effets dans
ïa barque; mais je ne voulus y rentrer moi-
même que lorsque je serais sûr qu’elle n était
plus en danger de couler: en conséquence, je
me rais à courir d’un rocher à l’autre, mes
cartons sous les bras, et résolu de gagner de la
sorte la fin de la cataracte. Cependant l’escarpement
des rochers et leur conformation ne me
permettant plus bientôt d’aller plus avant, je fus
contraint de me rembarquer malgré moi. Les
rameurs avaient retourné la cange sens devant
derrière , et dix-huit d’entre eux la contenaient
de tous leurs efforts dans les pentes rapides.
Grâce à dieu, avec beaucoup de temps et des
peines inouies, nous atteignîmes, sans autre ma-
lencontre, l’extrémité de cette forêt de rochers,
qui encombre le lit du fleuve sur une demi-lieue
d’étendue.
Au bas de la cataracte, sont deux îles incultes
couvertes de doums, de baobabs et autres
végétaux. Le fleuve enfin s’élargit de nouveau
et reprend son aspect naturel ; ses eaux se
déploient sur une largeur de quatre à six cents
pas; cependant des bancs de sable et de cailloux
roulés se laissent encore apercevoir en assez
grand nombre. Nos rameurs étaient harassés
de fatigue, et il était nécessaire de faire sécher
nos effets ; nous attachâmes donc notre barque
sur la rive orientale, en face du petit village
d’el-Faqyr-Mahaguer, situé à un demi-quart de
lieue de là; on ne voyait point dhabitations de
l’autre côté du fleuve.
J’allai voir le faqyr ; il me donna les mêmes
renseigmens que j’avais reçus sur la petite rivière
de Gologo, qui se jette dans le Dender,
et sur les distances qui séparent ce dernier du
Rahad et de l’Atbarah : il me dit qu’à cette
hâuteur, des Arabes Qenânehs, Choukryehs,
Oumbadryehs, Bouadrehs, Kaouâhlehs, habitent
les contrées voisines de ces rivières. En se dirigeant
, selon lui ; à l’est de son village, on
pouvait aller en six jours g Gondar, capitale
de l’Abyssinie.
Le 21, nous partîmes à huit heures : nous
fîmes ce jour-ïà peu de chemin, à cause des
fréquentes sinuosités que décrit le fleuve. Ses
rives commençaient à être moins boisées. Nous
nous arrêtâmes à cinq heures. En approchant
de terré, nous vîmes un éléphant qui semblait
venir boire au fleuve; à notre vue, il rentra dans