mais je ne pus rien apprendre, sinon que ce
fleuve est très-éloignë dans i ouest; que les montagnes
qui dominent sa rive occidentale sont
peuplées de païens qui ont la réputation d’être anthropophages,
et qui font usage de flèches empoisonnées;
que ces motifs ont empêché' d’établir
des relations avec eux. La distance d’un
degré que Bruce indique sur sa carte entre les
deux fleuves est absolument fausse ; j’estime
quelle est de quatre degrés. Cette erreur est
pourtant bien excusable, si j’en juge d’après le
vague des documens sur lesquels un voyageur
est obligé d’établir ses conjectures. Ne peut-on
supposer que Bruce, ayant entendu parler de
1 Yabouss et du Tournât, se sera cru fondé à en
faire les sources du fleuve Blanc? De deux routes
qui communiquent du fleuve Bleu âu fleuve
Bianè, ia plus méridionale passe, m’a-t-on assuré,
à el-Qérébyn, et ia seconde, un peu au nord de
Sennâr, par ei-Chateiai.
Ismâyi regrettait vivement la perte des chevaux
qu’on iui avait enlevés. Le 10, il se fit
amener ie chef nègre qu’il tenait prisonnier, et
iui promit ia iiberté, s’il prenait l’engagement
de les iui faire rendre. Celui-ci jura par Mahomet
et ie Coran qu’il les iui ramènerait le lendemain.
Sur ia foi de ses sermens, le pacha eut ia bon-
hommie de ie relâcher ; mais on ne vit plus ni
chef, ni chevaux. La journée ne se passa pas
sans que nous eussions encore une alerte : les
nègres ne nous laissaient de repos ni ie jour ni
ia nuit; sans cesse iis nous inquiétaient : on eût
dit que cette tactique avait pour but de consommer
peu-à-peu toutes des munitions de l'armée.
Sans aucun doute iis avaient été informés que ia
prise récente du convoi expédiédu Sennâr, devait
avoir laissé ie pacha mai approvisionné en ce
genre ; l'armée g qui perdait toujours quelques
hommes dans ces continuelles escarmouches,
s'affaiblissait graduellement. J ’allai voir ie prince ;
il était triste et soucieux; des nouvelles affligeantes
qu il venait de recevoir-du Sennâr augmentaient
ses inquiétudes sur l'embarras de sa
position, dont il ne se dissimulait pas^ au reste,
ie danger. Les Sennâriens, persuadés que l’armée
entière d’Ismâyï périrait infailliblement dans ïes
montagnes des nègres, s’en croyaient déjà délivrés
: ia plus grande fermentation régnait sur
tous les points du royaume ; de fausses nouvelles
sur les désastres éprouvés par les Turcs dans
leur expédition lointaine, étaient répandues à
dessein et circulaient avec activité ; plusieurs
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