désormais hors d’état de supporter les fatigues
d'un voyage par terre. J’allai voir le prince et
le priai de m’accorder une barque : il voulut bien
me promettre sa cange même, pour descendre
le fleuve jusqu’à Sennâr. J’avais lieu de croire
que le repos et l’air du fleuve feraient du bien
à mon malheureux compagnon de voyage. Notre
départ fut remis à quelques jours de là.
C H A PITR E XLIII.
Fazoql, — Epoque des pluies. -— Mouche sorrett. — Usage des
habitans. — Manière de porter l’eau, semblable à celle des anciens.
Montagnes dont les noms commencent par la syliabe fa.
I— Dârs ou districts contenus dans le Bertât et le Bouroum.__
Rivières et torrens à l’ouest du fleuve. — Autres du côte' de
l’est. — Arabes nomades ; leurs occupations. — Chasse de l’e'le'-
phant. — Entretien avec Ismayl. — Risques courus au passage,
d’une cataracte. — Retour à Sennâr.
La, province de Fazoql comprend les terres
riveraines du fleuve, sur une longueur de trente
lieues environ, et beaucoup demontagneséparses.
La saison des pluies y commence au mois d’avril :
huit jours après, le Tournât et de nombreux
torrens viennent grossir le Nil de leurs eaux. A
la suite de ces pluies, qui durent près de cinq
mois, les naturels sont sujets aux fièvres, comme
ceux du Sennâr : c’est alors que se montre quelquefois
la mouche que les ‘indigènes nomment
s o r r e t t , et qui, disent-ils, vient toujours du sud.
Ces espèces de taons tourmentent horriblement
les chameaux et les autres animaux, qui souvent
périssent en peu de jours sous les atteintes de
son aiguillon. Je n’ai--pu réussir à voir aucun
de ces redoutables insectes.
Les produits du Fazoql sont les mêmes qü au
Sennâr ; on y recueille en outre du miel. Les
habitans s’y occupent, avec plus de succès de la
préparation des peaux, qui sont estimées, ainsi
que les; sandales qu’ils en font. Ils professent
l’islamisme ; cependant il ne paraît pas qu’ils
s’abstiennent de manger de la chair de porc.
Comme au Sennâr aussi, , le mélange des*
couleurs se fait remarquer parmi la population ;•
quelques nègres du Bertât se sont établis dans
le pays. Les méliks seuls ont de beaux chevaux
abyssins; -ils les. montent avec de très-petites
selles , légères , et assez semblables aux selles
anglaises. La langue commune est l’arabe. La
forme des habitations, là manière de se vêtir,
le genre de vie et les usages, He diffèrent en rien
de ce qu’on voit au Sennâr. Cependant ils ont,
pour porter l’eau , un ustensile qui est parti