grains d’or par quintal; sans doute qu’en procédant
par l’amalgame on en retirerait davantage,
mais cet excédant serait peu de chose ,é en juger
par la ténuité des parcelles qui demeuraient dans
la sébile. Il me serait difficile de fixer l’étendue
de pays qu’occupent ces sables aurifères : le territoire
dont Qamâmyï est le chef-lieu, peut avoir
deux journées de marche en longueur et la moitié
en largeur; et par-tout il est de la même nature;
mais les indigènes prétendent qu’il n’existe de
for que dans un circuit de vingt,lieues environ.
Tous les torrens en charient plus ou moins des
parcelles. Les sables des monts Aqarô, Fâkoum-
kom, Fâdoqah, Tâby, donnent aussi, dit-on,
un peu d’or, mais moins qu’à Qamâmyï. G’est
après les fortes pluies, que les naturels se livrent
à l’envi à ces recherches, et qu’ils fouillent avec
une patience et une attention inouies tous les
ravins qui sillonnent ces coteaux : s’il faut les
en croire, ils y trouvent parfois des pépites
d’un assez gros volume. Les femmes sur-tout
s’occupent de rechercher ces dernières. Elles
ont, à cet effet, des plumes de vautour, qui
servent à balayer le dessus des sables, et à
mettre ainsi à découvert de petits grains d’or,
qu’elles renferment dans des tuyaux de ces mêmes
• plumes. Ces tuyaux , ainsi remplis, font l’office
de monnaie dans les transactions des habitans
entre eux; et comme ils ne savent point fondre
for qu’ils recueillent, ils le livrent à des tribus
d’Arabe^ musulmans de Singué, en échange de
bestiaux, de brebis, et d’un peu de toiles. Ces
Arabes brocanteurs portent cet or à Fadâssy,
village dans le sud, sur les confins de i’Abyssinie :
là ils le fondent, le tirent à la filière et en forment
de petits anneaux ; c’est sous cette forme
qu’il circule dans le commerce. On en distingue
de deux qualités : celui de Qamâmyï est le meilleur;
l’autre, qui se trouve dans les environs et
au nord du mont Tâby, est allié à l’argent, et
a une couleur jaune-verdâtre ; on trouve aussi de
for platinifère jaune-grisâtre : ces espèces ont
une valeur vénale très-distincte. Au reste, ce qui
porte à croire que les sables de ces régions ne
sont pas renommés pour être très-riches en
substances de ce genre, c’est que les Abyssins,
dont f industrie est bien supérieure à celle de ces
peuplades nègres, ont, jusqua ce jour, dédaigné
de s’emparer du pays qui les renferme, quoiqu’il
ne soit qu’à cinq journées du leur.