CHAPITRE Lffl.
Départ de Barkal. — Route par le désert. — Observations thermo-
métriques. —; Kbamsyn. — Arrivée à l’île d’Argo. — Festin. —
Antiquités de Tombos. — Rapport sur de prétendus monumens
à A yn-Sélim eh.— Départ pour cette Oasis. — Température dans
le désert.— Bois pétrifiés. — A yn-Sélim eh.— Position géographique
du fieu. — Rapport sur' le Darfour ; itinéraire de ses
caravanes.
Le 12 mai, mes dessins et mes observations
étant terminés, je lis faire les préparatifs du départ.
Bien informé que je ne retrouverais plus
d antiquités ni sur Fune ni sur Fautre rive du
fleuve, je résolus de traverser’ le désert dans le
nord-ouest, espérant que sur cetto ligne de communication
entre Napata et Fîie d’Argo, ii s’offrirait
à mes regards quelques objets dignes
d’attirer Fattention. Ce motif, joint à celui
d’abréger considérablement le trajet, nous fit
braver les fatigues et les incommodités inévitables
, sur-tout dans cette saison, que nous allions
avoir à essuyer sur ces sables arides et brûlans.
Nous fîmes une grande provision d’eau; et le
13 mai, à sept heures du soir, nous confiâmes
au désert notre destinée. Aucun chemin n’est
tracé sur ses plaines arides : la nuit venue, notre
guide réglait la marche sur les étoiles; nbus nous
dirigions dans le nord-ouest. Vers une heure
du matin, ne pouvant plus vaincre le sommeil,
nous fîmes halte et prîmes deux heures de repos.
A neuf heures , le thermomètre montait déjà à
42°,6. Nous dressâmes notre tente ; et après
avoir mangé un plat de riz,, nous essayâmes de
nous livrer au sommeil : mais ce fut en vain ;
l’excès de la ehaleur nous obligeait à chaque
demi-heure de boire un peu d’eau et de nous
baigner le visage. A une heure, le thermomètre
sous la tente montait à 47°, 3. Le désert n’offrait
de tout côté que d’immenses plaines, dont le soi
de grès, raboteux et complètement nu, ne laissait
entrevoir aucun vestige de végétation, pas
même une seul brin d’herbe ; quelques débris
de palmiers ou d’autres bois pétrifiés , disséminés
çà et là, semblaient attester que la nature
était morte à jamais dans ces affreuses solitudes;
les rayons d’un soleil brûlant, répercutés par
des; sables échauffés jusqu’à l’incandescence ,
nous déchiraient les yeux qui ne pouvaient en
soutenir les reflets étincelans,
A quatre heures, il fallut pourtant se décider