commençai à faire une inspection plus soigneuse
de ces monumëns, que mon impatience ne m’avait
encore permis d’explorer qu’à la hâte. Je levai
d’abord un pian topographique des ruines (voy.
vol. I, pl. XI). Le petit temple aujourd’hui le
mieux conservé, et le plus curieux par Ses sculptures
, est celui de l’ouest ( voyez pl. X V ,
fig. 1 et 2); son axe avec le nord magnétique
fait un angle de 50 degrés vers l’ouest : il est
construit en petites pierres d’un grès rougeâtre,
de 30 à 40 centimètres de hauteur d’assise. II
consiste en une seule pièce ; un pylône et deux
petits murs de portique le précèdent : le tout
présente seulement une longueur de 14 mètres
15 centimètres [43 pieds et demi environ]. Le
pylône avait 7 mètres [21 pieds et demi] d’élévation;
quatre colonnes intérieures, et qui ne sont
pas au centre, devaient en.supporter les plafonds,
qui se sont écroulés, ainsi que la majeure partie
des colonnes ; la corniche qui couronnait les
murs et celle du pylône sont aussi détruites : du
reste, ce petit temple est bien conservé; j’en ai
dessiné une vue i^voyez vol. I, pl. XIV). Les
angles du pylône portent un double filet carré
en saillie, toujours remplacé par un bourrelet
arrondi dans tous les monumens de l’Egypte et de
la basse Nubie. Ce petit monument est très-riche
en sculptures : elles sont taillées profondément
en creux; ce qui les a préservées des injures du
temps. La façade principale du pylône [voy. les
détails pl. XVI) représente, à droite, un roi de
grandeur colossale, qui est censé tenir par les
cheveux trente-trois personnages à genoux, et
ayant tous un bras tendu vers lui, en signe de
supplians ; le roi tient levée sur eux une hache
d’arme, avec laquelle il menace de les frapper :
parmi ces captifs, onze seuls sont sans barbe ; les
autres figures barbues caractérisent bien desétrangers.
Le monarque est vêtu d’un riche costume,
semblable à celui des pharaons que l’on voit sur
les monumens d’Egypte; il porte de plus un grand
collier de fruits secs, où est suspendu une petite
idole à corps humain et à tête de belier*. Aux
pieds du roi, on a représenté, comme symbole
de la force, un lion dévorant un homme qui; à
en juger par sa coiffure, est un étranger. Sur la
tête du roi, plane un épervier tenant dans ses
griffes un anneau, probablement le cachet du
souverain.
* Je n’ai vu de ces colliers sur aucun monument d’Egypte.
Ici, et sur toutes les sculptures de l’île de Méroe', ils décorent
communément les personnages d’un rang élevé.