dessus desquels on avait incrusté de petits cailloux
noirs et blancs, formant des dessins variés
à quadrilles, dans le genre de la mosaïque,
art qui n’était point inconnu aux anciens *,
et qui sans doute s’est perpétué ici dé siècle
en siècle.
Les femmes travaillent à de petits ouvrages
en paille de diverses couleurs, tels que nattes
et paniers : ces derniers ont la forme de ceux
que j’ai trouvés dans les tombeaux de Thèbes.
Beaucoup d’habitans ont des esclaves, soit pour
les travaux domestiques , soit pour cultiver les
terres. II règne dans la ville un air d’aisance ;
l’ardeur avec laquelle on s’y livre au commerce
y contribue beaucoup : le vendredi, le samedi
et le dimanche de chaque semaine, il s’y tient
des marchés bien approvisionnés, où l’on se rend
de fort loin. Là on voit exposés en vente, à-peu-
près pêle-mêle, les esclaves, les chameaux et le
bétail. Avant d’y conduire leur marchandise, les
commerçans ont soin de la parer : ainsi les esclaves
sont préalablemènt nettoyés, et bien graissés
* J’ai v u , dans la eoîlectipn de M. Drovetti, un fragment de cercueil
de m om ie, incruste' en mosaïque dans le genre de celles de
Florence , et d’autres ouvrages qui attestent que cette industrie
remonte à une haute antiquité'.
des pieds à la tête. Je vis environ une centaine
de ces malheureux, de l’un et de l’autre sexe,
assis à terre, rester durant tout le jour exposés
à l’ardeur d’un soleil brûlant, comme les animaux
auxquels leurs propriétaires les assimilent. Des
marchands parlent-ils de l’arrivée d’une caravane
; ils en évaluent l’importance par le nombre
des têtes , et dans ce nombre sont comptés
indistinctement, chameaux, esclaves, &!c. Si,
par hasard ou à dessein, quelqu’un tué un esclave,
le meurtrier en paie la valeur au propriétaire,
et tout finit par-là. Un conducteur
de caravane emploie des expressions analogues
pour exciter à la marche les esclaves ou les animaux.
Ces esclaves proviennent de l ’Abyssinie,
du Sa’ydeh, du Sennâr, du Dinka, du Kourdofan,
du Darfour, de Fertit : dans ce dernier lieu,
dit-on, les parens livrent leurs enfans pour se
procurer du dourah. Le nombre de ces malheuv
reux qui se vendent annuellement à Cbendy,
peut être évalué à quatre mille. L’âge est une
des principales bases sur lesquelles s’établit leur
valeur vénale. On appelle commassy les filles
de onze ans et au-dessous; sédassy, celles qui
ont de onze à quinze ans; ce sont les plus estimées;
elles valent de 18 à 30 talaris (piastres
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