connaître les ruines de BarkaI pour celles de
l’antique Napata. Suivant le rapport des envoyés
de Néron*, c’est à 360 milles de Napata qu’ils
trouvèrent l’île de Méroé,, Si l’on part de Barkal
en suivant les sinuosités du fleuve jusqu’aux
ruines d’Assour, on verra que cette distance est
la même, à une légère différence près. D’ailleurs
nulle part entre ces deux points, on1 ne trouve
des ruines assez considérables pour être regardées
comme celles de Napata; ce ne sont pas
non plus les ruines voisines de Solib, qui sont
à 600 milles environ d’Assour, c’est-à-dire, à une
distance presque double , et qui gisent à la
gauche du fleuve, tandis que Napata était à droite.
Le nom moderne du pays de Robâtâi, à un jour
de marche plus haut que Barkal , ne pourrait-il
pas être une corruption de celui dè Napata?
Enfin, suivant Pline, cette ancienne cité fut le
terme de l’expédition de Pétrone, qui s’avança
jusqu’à 970 milles au-dessus de Syène**, En longeant
le fleuve, comme dut le faire ce général,
nous trouvons 960 milles de Syène à Barkal ; ce
qui offre une concordance à-peu-près rigoureuse.
Ailleurs, Pline dit que Napata, située sur la
* Plin. I. VI, c. 29.
** Ibid.
rive droite du fleuve, était à trois journées de
marche du Golfe Arabique : le point de Moqrât,
extrémité orientale du territoire de Robatat,
n’est effectivement qu’à cette distance de la mer
Rouge. Toutes ces données concourent pour démontrer
jusqu’à l’évidence que les vastes ruines
de Barkal sont celles de fantique Napata, dont
les pyramides de Nouri ou Beleï étaient, comme
je l’ai dit, la nécropole, le lieu consacré à ses
sépultures.
Quelle que soit l’analogie du nom de Méroé
avec celui de Meraoueh ou Méraouy, donné à
un village, à une montagne et à une île dans le
voisinage de Barkal, cette analogie n’a rien de
concluant, et n’acquerrait quelque force qu’autant
qu’elle viendrait s’unir à un faisceau d’indices
irrécusables. J ’ai, comme on a pu le voir, retrouvé
ce même nom plus ou moins altéré dans celui
de divers lieux situés à de grands intervalles les
uns des autres : quelle conséquence devais-je en
tirer? celle, tout au plus, qu’il reste dans ces
contrées des souvenirs vagues et fugitifs d’un
empire qui jadis y fut florissant.