situées sur un coteau élevé qui domine tous les
environs, et d’où la vue s’étend sur plusieurs
autres coteaux plus ou moins boisés et couverts
aussi d’habitations isolées. Au sud, on découvre
dans le lointain la montagne Mafis, et à l’ouest
la longue chaîne des monts Obeh. Le lieu que
nous occupions et qui tire son nom du torrent
Abqouigui, creusé à peu de distance, semble
être le point central de la province de Qamâmyl,
qui a deux journées d’étendue : son territoire
est arrosé par le Tournât, rivière qui court nord
et sud, et par une grande quantité de torrens
plus ou moins profonds qui y affluent : le sol en
est d’argile, très sablonneux et rocailleux, et
par-tout pénétré d’oxide de fer. Cette province
est réputée la plus riche en substances aurifères,
et celle où les nègres se livrent avec le plus
d’activité et de succès à la recherche du précieux
métal quelle recèle.
Ce jour-là, 19 janvier, le pacha me donna
une escorte et un guide pour me conduire sur
les lieux où les indigènes étaient censés avoir
établi leurs exploitations. A un demi-quart de
lieue, au bas du coteau, nous trouvâmes le
torrent cFAbqouigui, large de 20 à 30 pas, très-
profond , où il y avait encore de l’eau ; il vient
du sud-est et va joindre le Tournât. Dans le lit
même de ce torrent, et sur ses bords, j’aperçus
des excavations peu profondes ; auprès étaient
des sébiles en bois, des pieux en bois aussi,
ustensiles employés par les nègres pour la recherche
et l’extraction de l’or, et qu’ils avaient
abandonnés la veille, en voyant arriver les Turcs.
Je descendis dans l’une de ces excavations, en
posant les pieds sur des piquets de bois fichés en
terre a droite et à gauche : un homme pouvait
difficilement s’y introduire, tant l’ouverture était
étroite. Ce puits, creusé jusqu’au roc, avait six
mètres de profondeur, Là une petite galerie avait
été commencée: je ramassai une certaine quantité
du sable ferrugineux qu’elle contenait, et j’en fis
le lavage dans les sébiles que j’avâls sous la
main. D’abord se dégagea l’argile; puis je trouvai
une quantité de fragmens anguleux ou roulés
dè diverses roches , amphiboles, pétrosilex et
autres ; avec le dernier sable quartzeux se montra
ïê fer oxidé en grain assez commun; puis, au
fond du vase , une plus grande quantité de fer
titané [purette de Gènes}: sur cette poudre
noire, les parcelles d’or natif d’un beau jaune se
reconnaissaient facilement ; vu la pesanteur de
ce sable, il est difficile de les en séparer. Nous
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