des lieux où les crocodiles abondent plus que
dans d’autres; On les regarde à Barbar comme
peu redoutables ; on les craint, au contraire,
beaucoup à Chendy. Ils ne m’ont point paru
plus communs dans le Sennâr et le haut du Nil
qu’ils ne le sont en Egypte. En général , on peut
conjecturer qu’ils ne fréquentent que rarement
les parties du fleuve • •' * • • où• ses rives trop élevées . ne leur permettent point d’allel* respirer à terre.
On a pu faire la même remarque à l’égard de
l’hippopotame, qui habite en grand nombre les
environs de Solib , d’Argo, et tout le fleuve
Bleu. Ce quadrupède, dans le haut Nil y m’a
paru plus commun que le crocodile : ce qui
pourrait .confirmer l’opinion souvent émise, qu’il
fait une guerre à mort à ce dernier. On lui donne
le nom de farass el-bahr [cheval de rivière],
et quelquefois celui de barnick. Pour.le prendre,
on tend, la nuit, des filets. La lance et même
la balle ne peuvent le blesser qu’au dessus de
l’oreille ou sous les aisselles. Sa peau est employée
à divers usages, et sur-tout pour faire des espèces
de fouets nommés courbaches. Les éïéphans
descendent de l’Abyssinie et du Sennâr jusqu’à
Abou-Ahrâz. Le tigre, beaucoup plus rare, se
trouve cependant à l’est de Chendy.,
On trouve dans cette ville un ou deux orfèvres
qui s’occupent à faire en argent quelques cercles
ou bracelets, des bagues et divers autres joyaux
d’un travail peu recherché. II n’y a point de
tisserands. On y compte des serruriers, dont
le plus grand travail consiste à fabriquer des
couteaùx à deux tranchans, des montures de
sabre, et des fers de lance ; des tourneurs ; des
ouvriers en cuir pour lès sandales, qui les confectionnent
très-bien et les vendent jusqu’à deux
talaris la paire; des selliers très - adroits, qui
travaillent aux divers objets de harnachement
pour les dromadaires, et font des selles bien
soignées en bois de Méroé, qui se vendent
jusqu’à 25 talaris. On fabriqué beaucoup de
cordes en cuir , çomme à Sennâr, pour les
caravanes; des bouteilles aussi en, cuir, nommées
matarahs, à l’usage des méliks et des
gens aisés du pays. La plupart des tombes sont
couvertes de petits cailloux roulés ; les habitans
vont à certaines époques prier sur ces tombes,
et remplissent d’eau des vases qu’on y voit toujours
exposés.
En parcourant ces tombes, j’en aperçus quelques
unes qui piquèrent vivement ma curiosité :
c étaient des carrés longs en maçonnerie , au-
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