A son extrémité ouest, on distingue les ruines
d’une forteresse ou d’un château ancien. Cette
île suit le contour que le Nil décrit. Une multitude
de rochers obstruent encore ïe lit du fleuve*
Sur la rive gauche, règne une chaîne de montagnes
nommée Guerguèreb. Ici, sur une partie
de son cours, le Nil, resserré entre les rochers,
se réduit à deux cents pas environ de largeur.
A une heure et demie du village d’el-Menâouy,
est celui d’el-Mo’eys, en face de la petite île de
Tanta, où est une grande ruine composée de
pans de murs construits en pierres brutes : ces
débris paraissent être ceux d’un château fort,
qui, dans cette position favorable, devait commander
le fleuve. Vis-à-vis, sûr la rive gauche,
des décombres amoncelés occupent une grande
étendue* et semblent indiquer l’assiette d’une ville
ancienne : le lieu sur lequel ils gisent s’appelle
el-Mahrouk, nom commun dont j’ai déjà parlé
à l’occasion des ruines d’Assour, l’ancienne
Méroé. La route, assez mauvaise, continua tout
le jour sur des rochers enterrés dans le sable :
quelques bouquets d’acacias et de doums
bordaient le fleuve, dont nous étions toujours
très-près. A quatre heures, nous fîmes halte à eï-
Guimrneyz , hameau dont le nom, qui est aussi
celui du sycomore, lui vient sans doute des arbres
de cette espèce qui l’avoisinent. La province de
Robâtât est beaucoup plus pauvre que celle des
Chaykyés ; les sables semblent y avoir envahi la
majeure partie des terres cultivables. Les îles
sont plus productives : on y récolte de l’orge,
du froment, un peu de dourah et de coton, du
tabac vert pour la consommation, et des dattes
qui, dans la partie sud de la province, sont bien
inférieures, en qualité à celles de Sokkat. Les
doums y, sont plus communs encore que dans
les provinces voisines. Le lait de quelques bestiaux
et des gâteaux de farine d’orge composent
la nourriture principale des habitans. Ils ensemencent
avec un soin extrême les plus petits
espaces de terre limoneuse que le Nil dépose
entre leurs rochers ; ces dons précieux du fleuve
sont presque leur unique ressource.
Le 18, après quatre heures et demie de
marche, nous arivâmes àel-Kâb, limite de là province
de Robâtât avéc: celle d’el-Monassir, nommée
aussi D d r el-Kambre. Je pus rejoindre ici
M. Letorzec, qui accompagnait mes bagages:
il se rétablissait difficilement; je le trouvai encore
très-fatigué par la fièvre. EI-Kâb est remarquable
par sa belle exposition sur un rocher élevé qui