L’époque de la récolte du dourah est solen-
nisée par des fêtes et des repas communs où
chacun porte son plat. On élève des mâts décorés
des prémices de ce grain, et l’on adresse aux
astres des prières d actions de grâce.
Les habitans de ces contrées n’ont point,
comme auSennâr, l’habitude de se faire taillader
la peau dans certaines maladies ; mais ils ont
aussi recours à la cautérisation par le feu. J’ai
vu des nègres du Q,amâmyl qui avaient toute la
partie antérieure du corps empreinte de cicatrices
rondes , qui provenaient de l’application d’un
anneau de fer rouge (voy. le costume, pl. IH) ; ils
prétendent que ces brûlures les préservent d’in-
firmiiés. Je nai point remarqué de femmes qui
portassent des marques de cette nature. Outre
la majeure partie des maladies du Syemjâr, ces
nègres sont sujets à des affections cutanées plus
nombreuses ; la petite vérole fait même parmi
eux plus de ravages. Il paraît cependant que
les maladies vénériennes leur sont inconnues.
Comme au Sennâr aussi,, la brûlure par le fer
rouge est le remède à tous leurs maux. Ils supportent
patiemment toute espèce de souffrances.
Hommes et femmes ont: l’usage de fumer :
leurs pipes sont d’une capacité telle, qu’elles
pourraient contenir jusqu’à trois onces de tabac.
La danse des négresses a tous les caractères de
celle des autres races de nègres connues : elles
battent fortement du pied, se frappent dans les
mains, sautent sur un pied, puis sur l’autre, les
jambes rapprochées, plient les jarrets, s’élèvent
de terre en poussant un cri, et imprimant à leurs
hanches des mouvemens lascifs. Les hommes
les accompagnent avec une espèce de lyre pareille
à celle des Barâbrahs. J ’ai rapporté du
mont Eilgou un de ces instrumens ( vol. H,
pl. LVIi, fig. 8 ). Ils ont des cordes à boyaux
assez artistement préparées.
La principale nourriture des nègres du Ber-
tât est le dourah : ils en font des galettes et
une bouillie épaisse qui ressemble à la polenta
des Italiens ; mais il faut que- ces pâtes aient
fermenté et pris un fort goût d’aigre j sans cela
ils ne pourraient les manger : ils y mettent un
peu de graisse et parfois les arrosent de lait aigre ;
ils y incorporent souvent aussi du miel et des
fruits de baobab concassés, dont la saveur aigrelette
en relève l’insipidité. Ils consomment
de la viande de boeuf domestique et sauvage,
de mouton, de giraffe et d’éléphant; elle leur
est apportée en grande partie par les Arabes