Il fut convenu qu’iïs partiraient le lendemain au
jour, et qu’ils seraient de retour le soir. Je n’avais
point voulu me charger de tente : il fallut s’établir
êncore en plein air, à l’abri d’un pan de
mur qui nous garantissait du vent du nord. Je
montai sur le mur ïe plus élevé de i’édifîce central,
d’où ma vue pouvait dominer sur toutes ces constructions.
Là, étudiant mieux la distribution des
différens corps de bâtimens en ruine que j’avais
sous les yeux, je demeurai convaincu que ce lieu
fut jadis consacré à l’enseignement, un collège
enfin. Cette solitude silencieuse, me dis-je, a
donc été animée par les jeux bruyans d’une jeunesse
folâtre? Ce monument sur les débris duquel
je me trouve a donc retenti de la voix des professeurs?
Oui, ces figures informes d’oiseaux et
de quadrupèdes, tracées sur les murs, sont bien
l’ouvrage d’une main enfantine; ces noms gravés
en caractères éthiopiens, sont bien ceux de
quelques élèves : et qui ne reconnaîtrait, à cet
indice certain, l’intérieur d’une classe? Ces autres
noms grecs, sans doute ils sont ceux d’étrangers
amis des sciences que la célébrité du lieu y
attirait*. Ces trois longues galeries qui partent
* Ce griffonnage me rappela les casernes de l’antique Pompe'ia,
sur les murailles desquelles j’avais vu de même des noms et des
de cette ;salle , ne conduisaient-elles pas à divers
lieux consacrés à des cours particuliers? Ces loge-
mens qui avoisinent ces salles d’étude, n,étaient-
ils pas destinés aux,-professeurs? Ces grandes
cours nues, desséchées par les rayons d’un soleil
brûlant, peut-être alors étaient des jardins et des
bosquets où les jeunes étudians allaient goûter
les délices de la récréation; où les maîtres, assis
à l’ombre d’un arbre touffu, méditaient et préparaient
leurs leçons? Cet enclos qui renfermait un
grand nombre de cellules, et hors de l’enceinte,
était-il le quartier des gens de service? ou bien
ces cellules avaient-elles pour objet d’offrir aux
voyageurs un abri hospitalier? Hélas! ces lieux
autrefois si fréquentés, ces lieux où régnaient le
mouvement et la vie, n’existent plus que pour
être un nouveau témoignage de l’instabilité des
choses humaines ; les yènes, les chakals et autres
animaux sauvages, en parcourent les vastes décombres,
sans y trouver rien qui puisse repaître
leur faim. Absorbé dans mes réflexions, je ne
m’apercevais pas que la lune éclairait seule, de sa
pâle lueur, l’intéressant tableau qui les faisait
naître : mes yeux avaient peine à s’en détacher.
dessins grossièrement faits , dont ïes soldats, dans leur désoeuvrement,
les avaient chargées.