commerce de ces contrées*. Quelques jours après,
je sollicitai auprès de lui une entrevue particulière.
Je voulais m’acquitter de la commission
dont m’avait chargé son fils Ismâyl. L’obligeant
M. Joseph Boughos fut mon interprète. Je
peignis au pacha les dangers que son jeune fils
avait courus et ceux dont il était chaque jour
menacé, soit par une insurrection, soit parles
maladies qui régnent dans ces climats pluvièux.
II m’objecta que son fils étant dans la vigueur
de l’âge, c’était son devoir de lutter contre les
périls de la guerre et l’inclémence des saisons.
J’insistai de nouveau néanmoins, et j’employai,
pour le persuader, toute la chaleur , tout le zèle
que'm’inspirait la reconnaissance pour mon jeune
protecteur. Ces témoignages d’intérêt pour son
fils de la part d’un étranger, le feu que je mettais
à les manifester, parurent faire impression sur
le pacha : il me dit qu’il allait rappeler ce prince
près de lui, puisque tel était son désir; que je
pouvais de mon côté lui en annoncer la nouvelle;
c’est ce que fis aussitôt, et le même courrier porta
la lettre de son père et la mienne.
* Depuis long-temps les nègres et les marchandises sont seuls
exporte's au-dehors ; Tor se concentre dans le pays, où il en Tient
de diverses contre'es, sur-tout du Kourdofan.
Le chevalier Drovetti enrichissait chaque jour
sa magnifique collection* d’une foule de petits
objets depuis peu découverts sur le territoire de
Memphis. II me fit voir une partie de caisse de
momie, incrustée! d’émaux dans le genre des mosaïques
de Florence, et représentant autant de caractères
hiéroglyphiques. Entre autres morceaux
précieux, je vis beaucoup d’objets en or, tous
travaillés avec beaucoup d’art, tels qu’une paire
de bracelets très-larges, sans doute pour homme,
ornés de pièces d’émail formant des dessins à
jour de fleurs et autres ; une paire de plus petits,
sans doute pour femme, enjolivés en verroteries
de diverses couleurs ; un riche collier, aussi en
or, à pendeloques, en forme de baîustre, comme
on en trouve assez souvent en cornaline et en
composition ; un autre collier avec un médaillon
portant l’emblème d’Osiris, c’est-à-dire, un oeil
radié. Ce ne fut pas sans surprise que j’aperçus
une longue chaîne à gourmette pour collier,
semblable à nos chaînes modernes de montre
pour femme. Je remarquai en outre un masque
estampé aussi en or ; des plaques de la forme et
de la grandeur d’une semelle de soulier, destinées
sans doute à être placées sous les pieds des
* Devenue , comme je l’ai d it, le muse'e de Turin.