£ïous continuâmes notre route à trois heures
de l'après-midi : la campagne prenait de plus en
plus un aspect de fertilité et de culture* A cinq
heures , nous rencontrâmes un village nommé
Gouba, et, une heure après, un autre du même
nom, où nous passâmes la nuit.
Le 13, après une heure et demie dé marché,
nous traversâmes le grand village d’el-Gôss, près
du fleuve. A huit heures, on apercevait dans
l’est Guindatou, village à un quart de liéue du
fleuve; plus loin ceux de Faguegui, d’Adouemab,
et plus loin encore, un second village du nom
d’Oüâd Beyt-Naga, divisé en deux parties assez
considérables l’une et l’autre, mais presque totalement
désert. Cette suite continue de lieux
habités nous annonçaitTapproche de Chendy:
nous le découvrîmes bientôt en effet au milieu
d’une immense plaine en partie couverte de végétaux.
Plusieurs montagnes se montraient à
l’est dans le lointain. Nous arrivâmes à midi. Le
kàchef ou gouverneur turc, à qui j’allai rendre
qu’il traversa, eût passe sur les ruines de Sôbah, de Naga, de
Me'roe'. saûs les apercevoir, ou du moins qu’i! n’en eût fait aucune
mention. Ce: silence peut s’expliquer en supposant que Bruce,
fatigue dun long et pe'nible voyage, ne songea plus, en qùitlant
VAbyssinie, qu’à acce'le'rer -son retour èn Egypte, pays qui le
rapprochait dir sien.
m
visite, me procura un logement : mon intention
était de rester quelque temps dans cette ville,
que je n’avais pu voir qu’imparfaitement à mon
précédent j)assage, et de parcourir ses environs.
Je rencontrai ici M; Linan , qui depuis peu avait
quitté le Sennâr. II venait de visiter les ruines
au sud de Chendy, sur lesquelles il voulut bien
me donner quelques renseignemens. Durant
notre séjour ici, il s’établit entre nous une véritable
et sincère intimité , qui me procura l’avantage
de le mieux connaître, et d’aprécier son
mérite et son extrême obligeance.
Ounima bey, qui avait comprimé l’insurrection
d’Halfây, arriva d’une seconde excursion
à l’occident du fleuve, chez les Arabes Qamâ-
myehs. Au mépris des offres de soumission qu’ils
avaient faites à Ismâyl, ils refusaient de payer le
tribut stipulé. Dans le combat qu’Oumma bey
s’était vu forcé de livrer, il leur tua trente
hommes, et prit deux cents ehameaux et des
bestiaux : deux de leurs chefs furent conduits à
Chendy et décapités. D’autres tribus de Chou-
kryehs et Bichâryyns, insurgés aussi sur la rive
orientale du fleuve, donnaient de leur côté
beaucoup d’occupation aux troupes peu nombreuses
destinées à les mettre à la raison.