des leurs avaient été tués; une vingtaine de
nègres étaient restés sur la place.
Le 21, le pacha envoya de ce coté quatre
cents hommes commandés par Haggi-Hammed ;
iis retrouvèrent les nègres, qui opposèrent une
assez vigoureuse résistance. Cinquante restèrent
au pouvoir des Turcs ; il y en eut autant de
tués: on sut pius tard que ceux qui s’étaient
enfuis , ayant gagné une montagne où ils se
croyaient en sûreté, y furent pris le même jour
par une troupe de Gallahs. Ceux-ci étaient sans
cesse à ia poursuite des malheureux nègres de
ces contrées , et dans ce moment iis ne se
trouvaient qu’à cinq ou six lieues du camp
dTsmâyi. Cette circonstance sembla iui faire
ouvrir les yeux : depuis long-temps nous étions
dans le voisinage de f Abyssinie sans que le pacha
eût daigné y envoyer une ambassade; les Abys-
syns, ignorant les intentions du prince, pouvaient
iui faire coûter cher cette négligence. Les méliks
Dourâr et celui du Fazoqï vantaient beaucoup
ia valeur des Abyssins, avec lesquels ifs avaient
eu des guerres à. soutenir. Nous ne pouvons
mieux comparer leur nombre, me disaientals,
qu a celui des arbres dont vous voyez toute l’étendue
du pays couverte. Iis sont armés de fusils
à mèche. Connaissant la faiblesse des moyens
que les nègres peuvent leur opposer, iis viennent
les surprendre ia nuit, et toujours ces attaques
sont couronnées du succès.
Je pariai au prince de ces particularités; et
je lui dis en même temps que ce serait pour
moi une grande satisfaction, s’il me permettait
d’accompagner ses ambassadeurs , au cas où.,
comme je le pensais, il se déciderait à en envoyer.
Ii se récria hautement sur l’inconvenance d’une
pareille démarche, qui ne pouvait entrer dans
ses vues*.
J ’ai dit qu’Haggi-Hammed avait été chargé de
la conduite d’une expédition. II revint le soir avec
cinquante prisonniers , quelques bestiaux et une
bonne provision de dourah. II y avait parmi ces
prisonniers, des femmes de tout âge : iis étaient
tous attachés à la queue des chevaux et traînés
dans ia poussière ; ces malheureux, dévorés par
la soif, poussaient des cris lamentables et demandaient
de l’eau. On ies conduisit tout près
de ma.tente; et je fus assez heureux pour en
* Si parla suite le pacha se fût maintenu et fortifié dans la haute
Nubie au Kourdofan, .¡et qu’il eût conquis le Darfour, comme il
en avait le projet, je n’aurais pas été étonne de le voir un jour,
aveuglé par l'ambition de nouvelles conquêtes, porter ses armes
en Abyssinie; ce qui eût amené infailliblement sa perte.. .