nous voyaient ïeurpayer cette marque d’attention
beaucoup au-delà de sa valeur.
Le 24, à six heures, nous nous remîmes en
route. Nous dépassâmes plusieurs îles indiquées
sur la carte, entre autres celle de Kandi, très-
grande et couverte de rochers. Après cinq heures
de marche, nous nous arrêtâmes à Chebeybyt,
groupe de cabanes d’Arabes, en face de l’île
d’Oum-derâs. Nous avions longé le fleuve à peu
de distance, par une route sinueuse entre une
multitude de rochers. Le sol, toujours primitif,
présentait, comme les journées précédentes, de
gros blocs de granit arrondis, en général à feldspath
blanc; des schistes durs micacés; des
roches feld-spafhjques verdâtres, noirâtres, plus
ou ùioins chargées d’amphibole. Celles de ces
dernières roches qui avoisinentle fleuve, battues
par l’eau et les sables, ont reçu un poli naturel.
Le 26, à six heures,1 nous nous remîmes en
marche. Le fleuve, depuis l’île de Moqrât, a sa direction
générale dans le sud-ouest. La route continue
à être sinueuse et le sol raboteux. Nous
aperçûmes beaucoup d’îles, dont une, nommée
Kabenât, consiste en un gros rocher, où sont des
ruines en briques crues : sur les deux rives du
fleuve, à la même hauteur, il y a encore des
ruines semblables et portant le même nom : ce
sont de grosses murailles d’anciens châteaux, ou
d’édifices qui ont pu appartenir à des chrétiens.
Je ne les vis que dans l’éloignement. On trouve
beaucoup de ruines de cette dernière espèce sur
les îles et les rochers de cette cataracte, et l’on
y reconnaît encore des traces de peintures à
fresque , ouvrage des anciens Coptes, représentant
des figures de S. Georges et autres : mo-
numens qui attestent combien le christianisme
fut florissant dans toutes ces contrées. Nous
aperçûmes l’île de Méraouy, dont le nom est
commun à la région qui borde ici le fleuve à
droite, et à une montagne qui, comme je l’ai dit
précédemment, s’élève sur sa rive gauche. A une
heure, nous fîmes halte à Guerf el-Hâmdâb. La
route devient meilleure; les terres se dévéloppent
davantage ; le Nil coule plus librement, quoique
beaucoup de rochers élèvent encore à sa surface
leurs crêtes noirâtres. C’est la fin de là cataracte,
qui occupe jusque-là le lit du fleuve sur une
longueur de quarante-cinq lieues environ, à
quelques intervalles près, où la navigation n’éprouve
que de légers obstacles.
Le 26, après quatre heures de marche, nous
arrivâmes au mont Barkal.