du pays, cet édifice était jadis la demeure d’une
princesse nommée Sélimeh, qui, à la tête dune
troupe de guerriers, répandait la terreur en
Nubie. A une époque plus reculée, l’oasis a
pu avoir ïe double de son étendue actuelle. Les
sables, sur tout du côté du nord-ouest, en ont
envahi les terres et les sources. Tout le sol est
de grès ; les montagnes peu élevées qui la bornent
au nord-est, ont une forme conique; le grès qui
les constitue est mélangé d’oxide de fer, qui
parfois, le teint en rose; des couches calcaires,
superposées, offrent des empreintes de débris
de corps organisés. Le muriate de soude [sel
gemme] se trouve dans des bancs calcaires; il
est souvent cristallisé en cubes limpides comme
le cristal de roche ; il devient alors difficile aux
Arabes de l’exploiter. Les quatre hommes venus
avec nous devaient rester ici cinq jours, pour
extraire de ce sel la charge de trois chameaux.
Dans les environs de Sélimeh, les troncs d’arbre
pétrifiés sont communs : les gros sables du désert
contiennent beaucoup de petits fragmens roulés
de cristal de roche d’une belle transparence.
Quelques caravanes venant du Kourdofan à Don-
golah, passent à Sélimeh et dans les autres oasis
pour se rendre en Egypte. Ce chemin est la route
directe de la grande caravane de Darfour. Browne
nous a fait connaître cette dernière province, où
les formes de gouvernement et les usages ont
beaucoup de rapports avec ceux du Sennâr. Ses
habitans professent l’islamisme. Le roi aujour- -
d’hui régnant se nomme Mohammed el-Fadl : il
est âgé d’environ quarante-cinq ans, et a , me
dit-on, vingt-trois enfans mâles. Son opulence est
plus considérable que celle du roi de Sennar: on
dit le nombre de ses troupes de vingt à vingt-
cinq mille hommes, infanterie et cavalerie : il a
aussi quelques pièces de canon ; les armures en
cottes de mailles sont communes. La garde de
sa personne est confiée à ses esclaves, qui sont
armés de fusils.
Le trafic des nègres composant un des principaux
revenus de ce souverain, il tient continuellement
en campagne des troupes qui leur font
une chasse assidue, sur-tout dans le Fertit. Les
commerçans ou Gellabs ne peuvent former de
caravanes pour l’exportation de leurs marchandises,
qu’après avoir obtenu l’assentiment du
ro i, qui , maître absolu du monopole, fait
lui-même pour l’Egypte des expéditions considérables
d’esclaves et des produits divers de cette
partie de l’Afrique. Les marchands se réunissent