d’arbre qui y fut primitivement en vénération,
se trouve aussi étayée sur les témoignages d’anciens
auteurs. Selon Plutarque*, le persea offrait
quelques ressemblances avec diverses parties des
êtres animés. Son fruit avait, disait-on, la forme
du coeur, et sa feuille celle de la langue. Ces
deux indices Caractéristiques sont bien ceux qu’on
peut retrouver dans mon dessin**. Ces formçs
simulant celles du corps humain se reproduisent
aussi dans le tronc du baobab, dont la conformation
bizarre n’a point d’analogues dans cette
partie de l’Afrique. Enfin l’arbre consacré à Isis,
ou arbre de vie , représenté dans les peintures
des caisses de momies et celles des tombeaux,
laisse communément apercevoir une figure de
femme qui semble sortir du tronc ; et ses rameaux,
quoique grossièrement figurés, portent
souvent de gros fruits qui ont du rapport avec
* Op. gr. et lat. tome II , de Iside et Osiride, pag. 378, C, édit.
de Paris, 1624 , et Traité d’Isis et Osiris, traduct. de D. Ricard,
pag. 158.
**. Le fruit du baobab d’Ethiopie est de forme ovale, et se rapproche
beaucoup de ceux qui sont figurés dans le ' dessin. Les'
feuilles, quoique elles ne soient pas groupées comme dans le
baobab, ont cependant la même coupe que celles de cet arbre.
L’irrégularité de l’ensemble ne peut faire naître aucun doute ,
lorsqu’on sait quelle négligence les anciens apportaient à dessiner
les objets de ce genre.
ceux du baobab. J’ajouterai qu’on peut reconnaître
fa grande fleur de cet arbre gigautésque
dans celle qui, dans mon dessin, surmonte la
tête d’Isis. Strabon * dit que le persea, que fou
ne trouve qu’en Egypte et en Ethiopie, est un
grand arbre dont le fruit est gros. Cet auteur est
donc encore en cela d’accord avec mon sentiment.
On peut dès-fors conclure de ce qui précède
que les auteurs anciens qui ont parié du persea,
avaient en vue, les uns un arbre apporté en
Egypte au temps des Perses, les autres un arbre
qui bien antérieurement avait été en Ethiopie
l’objét d’un culte, c’est-à-dire, îe baobab.
Au reste, aucun autre arbre de ces contrées
ne put, Comme ce dernier, attirerfattention de
ces peuples, qui, cherchant une idole parmi les
végétaux I durent choisir le plus singulier, Je
plus surprenant de tous par ses formes et par
ses proportions colossales. Enfin, ce qui ne
saurait manquer de déterminer la conviction î
c’est qu’aujourd’hui encore (comme je i’ai dit
page 22 de ce volume), les nègres de cette
partie de l’Afrique adressent au baobab des voeux
et des offrandes**.
* Lijb, x v n , pag. 178.
Le baobab de la haute Nubie diffère, à ce qu’il parait, de celui
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