Les absences fréquentes que les hommes sont
obligés de faire pour leur commerce y la chaleur
du climat, la nudité des deux sexes, l’excès des
boissons fermentées, tout tend à y entretenir le
dérèglement et l’exaltation des sens. Je pourrais,
sans craindre d’être taxé d’exagération, évaluer
au-dessous du quart les femmes qui conservent
quelques sentimens de pudeur : la vertu même
des dames d’un certain rang n’est pas à beaucoup
près exempte de tout reproche.
Ici se trouvé l’usage de ce chevet en bois dont
j’ai parlé (voyez vol. II, pl. LVII, fig 5 ), et qui
ressemble tout-à-fait à ceux que j’avais vus soüs
la tête de diverses momies dans les tombeaux
de Thèbes\voy. même pl. fig. 5* ), ainsi que sur
des peintures de ces mêmes tombeaux. Ce meuble
si simple, que la mollesse européenne n’envisagerait
qu’avec dédain, est pour l’habitant de ces
contrées un oreiller commode sur lequel il repose
sa tète et dort paisiblement.
Les tribus arabes du voisinage sont toutes
indépendantes. Les Choukryehs et les l£aouâh-
lehs vivent dans une continuelle inimitié avec les
Dja’leyns, qui sont la tribu la plus nombreuse.
Chez ces derniers, on achète le prix du sang, si
les familles offensées y consentent: ce prix s’élève
jusqu’à mille tobs de damour, certaine quantité de
tamarin; et au moyen de cette composition, les
haines demeurent assoupies pour quelque temps.
On dit les Dja’leyns encore plus perfides
que les autres Arabes. Ils sont en général d’une
plus belle race et mieux constitués, parce qu’ils
évitent de s’allier avec les tribus voisines du
fleuve. Leur barbe est courte et épaisse. On les
voit, dans les marchés de Chendy, avec des
chapeaux formés de feuilles dé palmier, qu’ils
s’attachent sous le menton : la partie qui couvre
la tête est à jour et permet à l’air d’y circuler;
de grands rebords ombragéht leur visage et
le garantissent contre les rayons brûlans d’un
soleil presque perpendiculaire. J’ai rapporté une
de ces coiffures ingénieuses (voy. vol. II ,rpl.
LVtT, fig. 9 ) : hommes et femmes en font usage.
L’air est salubre à Chendy. Les maladies y
sont moins fréquentes et moins nombreuses qu’à
Sennâr : il y règne cependant chaque année
quelques fièvres à la suite des pluies ; mais elles
ne sont ni longues ni dangereuses. Les maux
vénériens y sont très-communs.
Les environs de Chendy sont un pays plat
et dénué de bois ; d’immenses plaines désertes
y attristent la vue. Le dourah est encore ici la