heure, jetais à Esné. J’allai passer quelques
instans sous le portique du temple, ce beau monument
que MM. Jolois et Devilliers* ont si
habilement représenté. Je partis le soir même
pour Thèbes : il me tardait bien de revoir les
ruines de Gournah, sur lesquelles j’avais fixé
mon établissement central. Depuis long-temps
j y avais laissé beaucoup d’objets d’antiquité,
sous la garde d’un Arabe, et je n’étais pas sans
quelques inquiétudes à cet égard. Cependant
mes dromadaires étant excédés de fatigue, et
ayant moi-même besoin de repos, je me vis
obligé de passer une partie de la nuit au village
de Côm. Le lendemaiiï 6 juillet, jetais au milieu
des belles ruines de Medynet-Abou. Avec
quel sentiment de plaisir et d’admiration je contemplai
de nouveau ces propylées, ces immenses
portiques ornés de colonnades et de statues
encore intactes, et que trente-cinq siècles ont
respectées !
J ’arrivai à deux heures à Gournah : j’y trouvai
M. Letorzec, à qui l’air de l’Egypte avait
déjà rendu toute sa santé. Rien n’avait souffert
dans ma maison : nous étions contens et joyeux.
Les Arabes semblaient satisfaits aussi de nous
* Descriptiort de l’Egypte, Ant. vol. I, pl. LXXXIII.
CHAPITRE LV. 2 8 3
voir revenir sains et saufs d’un voyage qui coûta
la vie à tant d’autres. Thèbes était déjà à nos
yeux un port de France ; nul obstacle insurmontable
ne nous séparait plus de cette terre chérie.
CHAPITRE LVI.
Sculptures représentant l’assaut d’une citadelle par le roi Ramsès VI.
'.'.¿11 Costumes des combattans; leurs armes.— Autres sculptures
où le persea est figuré. — Dissertation sur cet arbre. — Diverses
peintures des hypogées représentant des sujets de cbasse, de
pèche et de vendange. — Destruction d’une muraille du temple
de Karnak.— M. Sait.
DÈS mon arrivée, j’expédiai un Arabe au Caire
pour y prendre des fonds. A son retour , j appris
que plusieurs paquets de lettres, venant de
France, avaient été confiés à un Génois, médecin
en chef d’Ibrahympacha; qui s’était chargé
de me les reniettre au Sennâr ; mais lorsque je
l’y vis, il eut la mauvaise foi d’affirmer qu’on
ne lui avait rien remis qui me concernât : ainsi,
depuis deux ans, j’étais privé de nouvelles de
ma famille.
Mon premier travail à Thèbes fut de dessiner
entièrement le beau sujet qui, dans le Memno