séjour pernicieux des bords du fleuve, et qu’ils
se retirent vers les régions boisées et désertes de
l’intérieur, où ils se nourrissent de petits reptiles
et d insectes. Ce fait confirmerait de nouveau
les rapports des auteurs anciens , qui ont
dit que les ibis émigrent une partie de l’année
pour aller combattre les serpens sur les limites
du désert, bienfait dont la reconnaissance leur
mérita une grande célébrité.
M. Linan, voyageur frânçais, qtie M. Binks,
savant de Londres, employait à dessiner les mo-
numens antiques, était venu au Sennâr durant
notre absence. II avait suivi Ibrahym, que le dérangement
de sa santé contraignait de retouriier
en Egypte.
Je ne voulais point partir sans avoir rassemblé
des renseignemens exacts sur l’expédition de ce
pacha dans la province de Dinka, et sur le peuple
qui l’habite. Personne n’était plus propre à m’en
fournir que M. Asphar, médeciii copte, qui
parlait le français, et il s’y prêta avec une extrême
obligeance.
Ibrahym n’alla point au-delà d’eî-Qérébyn;
sa maladie, s’aggravant de jour en jour, l’obligea,
comme je l’ai dit, de quitter le commandement.
Après quatorze jours de marche depuis
le fleuve Bleu, ses troupes arrivèrent à Dinka,
sur le fleuve Blanc.
Le 27 septembre, la plus grande partie des
nègres avaient pris la fuite; on parvint cependant
à en prendre cinq à six cents. Le village de Dinka
donne son nom à la province qui commence à la
hauteur de Sennâr environ , et continue dans le
sud-ouest très-avant sur le fleuve.* II eût été important
de fixer la position de ce village ; j’estime
qu’elle est par 11° de latitude, dans le parallèle
de Fazoql. Les produits de la province semblent
être les mêmes que ceux du Bertàt. Les nègres
y sont bien faits, forts et vigoureux ; ils vont nus.
Les femmes se ceignent d’une peau en forme de
jupon court; les filles ne portent qu’une petite
peau qui leur couvre la chute des reins et se noue
par devant. La coiffure distinctive du chef était
un turban blanc, avec un panache en plumes
d’aütruche. Les enfans des familles riches portent
une clochette suspendue au derrière; les personnes
âgées en ont une attachée au bras. Suivant
leur aisance, les femmes et sur-tout les filles se
parent en plus ou moins grande quantité, de colliers
et ceintures en conteries de Venise*, de
On appelle conterie, à Venise, différentes espèces de verroterie,
et ce nom s est propagé dans lé commerce de traite ,