voisins : cette viande, dégraissée, coupée par petits
morceaux, séchée au soleil, se colporte ainsi
dans des sacs de peau appelés kirbehs, où on la
conserve un et deux mois. Lorsqu’un indigène
véut entreprendre un voyage, il fait frire dans de
la graisse une quantité de ces morceaux suffisante
pour tout ,1e temps qu’il doit durer. Cette
viande , en vieillisant , contracte un goût de
corrompu ; mais cela ne les empêche pas de fa
manger. On prépare beaucoup de ces viandes
au Fazoqï. Les nègres mangent parfois de la
chair fraîche, sur-tout celle des agneaux ; ils
n’en font jamais cuire le foie, le coeur, les
rognons, ni même les côtelettes, qu’ils prennent
grand plaisir à ronger à belles dents. Ils se régalent
aussi des intestins de ces jeunes animaux.
Les nègres plus-à l’ouest dans l’intérieur, lorsqu’ils
viennent à manquer de dourah, mangent
les sommités ou épis d’une espèce de panis
qui croît spontanément et qu’ils ont coutume
d’employer pour couvrir leurs huttes. Tous ont
un goût décidé pour ce qui est acide: aussi
trouvent-ils excellens les fruits du baobaby qu’ils
nomment qongles , et les gousses fraîches de
tamarin. Ils comptent encore parmi leurs alimens
une grosse racine tubéreuse ou patate nommée
par eux el-gàith, et tay en arabe ; ils fa font
bouillir. Ces tubercules ne se trouvent pas en
abondance : ils ont la pellicule noire , et sont
d’un blanc de lait à l’intérieur; ils sont très-
farineux et d’une saveur agréable.
On leur apporte de l’Abyssinie de la racine
de gingembre, qu’ils aiment beaucoup à mâcher .;
ils ont assez souvent aussi dans la •bouche des
clous de girofle, que leur fournissent les Arabes.^
Leurs femmes, à l’instar de celles du Bouroum ,
s’en font des colliers; j’en ai rapporté un ( voy.
vol. H, pl. LV I, fïg. 18). Comme dans les pays
au nord, ils font fermenter le dourah pour en
obtenir une boisson ; mais ils n’y consacrent que
fort peu de ce grain, dont la quantité qu’ils
recueillent suffit à peine à la nourriture de la
population, qui paraît être très-féconde.
J’ai déjà dit que les femmes, plus pudiques
ici que sur d’autres points .de ces régions,
couvrent leur nudité d’une espèce de jupe qui
leur descend jusqu’aux genoux: les hommes ne
connaissent point ce sentiment de honte naturelle
; ils vont entièrement nus ; car la peau de
chèvre ou de mouton qu’ils s’attachent au bas
des reins , parait avoir uniquement pour but de
garantir leur épiderme du contact de la terre ou