que le nom d’el-Meçaourât était celui des anciens
faqyrs qui habitaient ces vastes édifices. Cette
tradition confirmerait encore l’opinion que ce
lieu était consacré à l’enseignement. Cette position
se rattache à la route de Méroé au nord de
Naga, Mandeyr, et Kély dans le sud. J’avais
perdu l’espoir de visiter ces derniers lieux, ainsi
que Goss-Redgeab, qui étaient alors le théâtre
de la révolte : mes guides, à qui j’en parlai,
refusèrent de m’y conduire ; c’était vouloir, me
disaient-ils, courir à une perte certaine. Une fermentation
générale régnait dans toutes les provinces;
elle était sur le points d’éclater. Je
devais donc m’estimer heureux que chaque jour
désormais m’éloignât de ces lieux où tout présageait
des événemens sinistres.
Le l.er avril, à quatre heures du soir, nous
quittâmes el-Meçaourât, en nous dirigeant aü
nord dans une vallée nommée Ouâdy el-Benât
[la vallée des Filles], entre une chaîne de montagnes
peu élevées: à droite et à gauche -, la
route était garnie de petits acacias et d’autres
arbrisseaux. A six heures et demie, j’aperÇusun
sanctuaire, près duquel nous fîmes halte; ce
petit édifice consistait en une seule pièce de
6 mètres 11 centimètres de largeur (voy. le plan,
pl. X XX, fig. 9); il n’avait point de pylône:
les pierres, de 35 centimètres daésTse, sont
grosses pour un si petit monument ; les murailles
étaient couvertes de sculptures, mais trop effacées
pour que je pusse les dessiner : je reconnus
aux figures le même style qu’à celles du temple
de l’ouest à Naga et des pyramides d’Assour,
et sur-tout le costume de femme souvent répété
sur les sculptures de ces derniers lieux ,
c’est-à-dire, la large robe à cordons et glands et
l’espèce de mantelet plissé ( pl. XVII et XVIII,
vol. I ). Les murs de ce sanctuaire n’ont plus
que 2 mètres 30 centimètres'delévation. Aux
environs, sont quelques tas de décombres qui
proviennent peut - être d’habitations ruinées.
Cette station est à près de trois lieues dans le
nord d’el-Meçaourât et à cinq lieues de Chendy:
nous y passâmes la nuit.
A six heures et demie, nous nous remîmes en
route ; et sortant bientôt de la vallée d’eï-Benât,
nous cheminâmes sur la vaste plaine de Chendy
dans le nord quelques degrés est. J ’y remarquai
un puits d’eau, douce, qui me parut être l’ouvrage
des anciens. Après cinq heures de marche, nous
arrivâmes à Chendy.