une feuille excessivement grande. Des torrens
multipliés rendaient notre marche extrêmement
pénible. Nous traversâmes plusieurs villages,
tous abandonnés : la pIupart*sont entourés d une
palissade circulaire de 3 mètres de haut, de
2 d’épaisseur, et formée de gros b'ois qui la
rendent très-solide : on ne communique dans
l’enceinte que par une seule petite porte, d’un
mètre cinquante centimètres de hauteur; ils y
renferment leur bétail : ces remparts servent
pour les protéger contre les attaques des animaux
féroces, et celles, non moins redoutables,
de leurs persécuteurs les Abyssins et les Gallahs,
qui viennent assez souvent en force les surprendre
la nuit et les enlever, malgré toutes ces précautions.
Après trois heures de marche, nous arrivâmes
à d’autres villages semblables , dont les habitans
avaient aussi pris la fuite : les Turcs satisfirent
ici leur rage, en brûlant, comme de coutume,
tout ce qu’ils ne purent emporter; et nous revînmes
sur nos pas. Le pacha avait des accès de
-fièvre depuis plusieurs jours; cette course infructueuse
ne fît qu’accroître* -son malaise. A
moitié chemin du camp, nous nous arrêtâmes
sur les bords d’un petit torrent, où l’on avait
creusé, dans une argile verdâtre, quatre puits
circulaires, de trois mètres de circonférence sur
quatre et six de profondeur; le lit même du torrent
était rempli de petites excavations superficielles,
dans lesquelles, quand les eaux sont retirées, on
trouve souvent quelques pépites d’or. Le chef
nègre quitta son beau doliman rouge et descendit
dans une de ces excavations : il remonta bientôt
avec deux poighées seulement d’argile, et me les
montra, en me disant qu’il était sûr d’y trouver
de l’or : pour parler avec tant de confiance, il
fallait que l’expérience lui eût appris à quelle
profondeur se trouvait la couche argileuse qui
contenait ordinairement ce métal. En effet, après
avoir lavéson sable avec une agilité et une adresse
extrêmes, il nous fit voir quelques paillettes d’or,
mais point de gros morceaux> Le pacha était d’une
humeur détestable, et le dépit se peignait sur
son visage. Ici les sables ne sont pas teints d’oxide
de fer, comme ceux d’AbqouIgui.
Le jour baissait; on se hâta de revenir au camp.
Dans la nuit du 25, le chef nègre trouva moyen
de s évader. Ismayl fit de vifs reproches aux mé-
hks Dourar, à qui-il en avait confié la garde ; ils
s excusèrent de leur mieux, et il n’en fut plus
question. Le pacha me pria de retourner au lieu