ruine, et nous arrivâmes de nuit à Solib, près
du rocher de Doch, limite de la province avec
celle de Sokkot; nous y passâmes là nuit. Je ne
pus encore trouver ici des guides pour me rendre
à Sélimeh. Le 24 mai, après avoir laissé derrière
nous le rocher de Doch et les ruines de Néloua,
nous nous rendîmes de bonne heure à Byr-daffer,
petit village dans la province de Sokkot, en face
delà grande île de Sâys. Le kâchef du lieu, sur
la prière que je lui en fis, me procura sans difficulté
le guide que j’avais cherché vajnement
jusque là. J ’appris alors que beaucoup d’Arabes
de la province font souvient en hiver le voyage
de Sélimeh y pour y aller chercher du sel minéral
qu’ils vendent ensuite dans les provinces environnantes.
Impatient de voir ces ruines tant
vantées, je fis à la hâte mes préparatifs de départ
pour le lendemain 25 mai : je laissai la plupart
de mes bagages à. Byr-Daffer, et n’emmenai
avec moi que M. Letorzec et deux Arabes.
Après avoir fait une grande provision d’eau du
N il, nous nous enfonçâmes dans le désert,
prenant la direction du nord-ouest. Sur les réponses
de mon guide aux questions que je lui
fis touchant les objets curieux que j’espérais
de voir à Sélimeh, je commençai à craindre qu’il
ny eût beaucoup à rabattre sur tout ce qu’on
m’avait conté à ce sujet: eet homme ne me
parlait plus que d’un seul monument en pierres ,
où l’on apercevait quelques caractères d’écriture.
Quoi qu’il en fût, je ne perdis point tout espoir :
Browne et Hornemann, qui traversèrent tout le
pays, depuis Khargeh jusqu’à Beyris, ne disent
pas un mot de tant de monumens qui s’y
trouvent ; iis avaient bien pu de même à leur
passage à Sélimeh, ne pas en voir les monumens.
Notre route passait sur d’immenses plaines
désertes; à dix heures trois quarts, nous nous
arrêtâmes pour reposer.
Le 26, à cinq heures du matin, nous nous
mîmes en marche sans suivre de route tracée ;
notre guide prenait pour point de reconnaissance
une montagne qui bornait au loin l’horizon dans
le nord-ouest. La nuit , nous éprouvâmes un
froid très-vif, et auquel nous fûmes d’autant plus
sensibles, qu’il contrastait singulièrement avec
l’extrême chaleur du jour: à cinq heures du matin,
le thermomètre marquait 16°, 10, et entre midi et
une heure, il avait monté à 37°,6. A dix heures,
nous atteignîmes la montagne d’Arbaguy: ce sont
des plateaux de grès peu élevés, qui s’étendent
au nord de la route que nous tenions : nous y