Un petit hypogée dont l’entrée venait d’être
découverte, m’offrit divers sujets curieux peints
à fresque et d’une belle conservation. J’y remarquai
des scènes de chasse, de pêche, de
vendange, des groupes de musiciens. J’en dessinai
une partie, m’attachant toujours à prendre
les sujets complets ( voy. vol. H, pl. LXXV,
fig. 1*). Une grosse touffe de tiges de lotus,
d’un dessin très-correct, sort de l’eau : elle est
du Sénégal, sous divers rapports. Le fruit de ce dernier est, dit-on,
une capsule ovoïde , pointue aux deux extrémités , longue d’un
pied à un pied et demi; une partie des branches s’étendent horizontalement,
et leurs extrémités touchent quelquefois à terre; il
vient difficilement dans des terrains pierreux et avoisine toujours
la mer. Le baobab de la Haute Nubie porte un fruit de forme
ovale arrondie, qui rarement excède huit pouces de longueur : son
tronc est un cylindre droit jusqu’à la hauteur de huit à dix pieds ;
là il se couronne communément dé protubérances singulières,
au-dessus desquelles il affecte la forme d’un cône, d’où partent ses
énormes branches, qui presque toujours conservent une position
verticale. Il se plaît dans les terrains rocailleux et croît même
dans les fissures des rochers, et à une grande distance de la mer.
Au Sennâr on nomme le baobab el-omarah et son fruit kongless ;
les nègres nomment ce même arbre oufâ. Le lieu de la haute Nubie
le plus rapproché vers le nord, où se trouve encore le baobab, est
sur l’île de Méroé , les environs d’Abou-Ahrâz, par I 40 12' environ
Je latitude. Plusieurs sont figurés dans l’atlas {voy. pl. II et pl. III
de ce volume ) , où ils sont représentés tels que je les ai vus avec
leurs fruits et dépouillés de leurs feuillages. On était alors en hiver,
et je ne pus trouver que quelques feuilles pour mon herbier.
* Où trouve dans les exemplaires sur vélin de cet, ouvrage, ces
sujets avec toutes leurs couleurs.
couverte d’oies et d’autres oiseaux aquatiques.
Le peintre s’est plu à représenter ces oiseaux, les
uns dans le nid et couvant leurs oeufs, d’autres
donnant la becquée à leurs petits déjà éclos : des
caméléons et un petit quadrupède s’approchent
de ces nids; mais leurs mères attentives accourent
et les écartent à coups de bec. Au-
dessus voltigent des papillons: 011 voit à la surface
de l’eau de petits canards, diverses espèces
de poissons, et des lotus*. A. gauche de la
touffe épaisse dé cette dernière plante, un chasseur,
debout sur une barque, tient un oiseau par
les pattes et semble le présenter comme appeau
à ceux qu’il veut attirer , pour les frapper d’un
bâton qu’il tient élevé'de l’autre main; il en a
déjà lancé plusieurs qui ont atteint au cou quelques
uns de ces oiseaux. Derrière, une femme le
tient par le milieu du corps et une jeune fille par
une de ses jambes; une seconde est sur le devant
de la barque ; ces femmes sont de couleur jaune
et sont sans doute J’épouse et les filles du chasseur;
elles se sont paré la tète de fleurs de lotus.
La haute stature de l’homme et la richesse de
son costume indiquent un personnage d’un rang
* Dans la vue de leurs feuilles avec leur tige, on reconnaît le
signe hiéroglyphique employé souvent pour le nombre mille.