Le 4, nous partîmes à sept heures. Montés
sur de bons dromadaires, nous avancions aveuvî-
tesse. Cette manière accélérée de voyager m’était
d’autant plus agréable , qu’elle me procurait
la facilité de consacrer plus de temps à l’examen
des objets qui attiraient mon attention. A peu
de distance d’Amâda, de nombreux amas de
décombres, de la même nature que ceux del-
Hassah, me parurent appartenir de même à
quelque ancienne cité; j’y distinguai dès fragmens
de colonnes en grès. Le lieu où gisent ces ruines
se nomme el-Marouk; il ést à un quart de lieue
au sud des ruines d’Assour. Je remarquai que
ce nom d’el-Marouk a bien aussi quelque ressemblance
avec celui de Méroé. J’apercevais de là les
pyramides ou tarâbyls; j’allai y passer une partie
de la journée, pour y prendre encore quelques
dessins. Ce fut avec un nouveau plaisir que
je parcourus les sanctuaires de ces mausolées
silencieux.
Plusieurs de nos géographes, et le voyageur
Bruce lui-même, avaient déjà reconnu, sur la
foi des auteurs anciens, que la péninsule de l’At-
barah, formée par le fleuve Bleu, devait répondre
à fîle fameuse de Méroé ; j’oserai dire à mon
tour que peu de contrées furent aussi exactement
décrites par, ces derniers : quelques citations démontreront
l’évidence de l’opinion que j’émets ici,
Hérodote* accueillit au hasard, à Eléphantine,
des renseignemens qui, quoique vraisemblables
sous quelques rapports, sont trop incohérens
pour qu’on puisse en tirer des conséquences
positives,
Strabon** dit que c’est vers Méroé que ÏAsta-
pus [ le fleuve Bleu], nommé aussi Asta-Sqba,
et YAstaboras [l’Atbarah] , viennent se rendre
dans le Nil : il répète, en décrivant le cours de
ce fleuve, qu’il reçoit deux rivières qui prennent
leur source à l’orient dans plusieurs lacs, et qui
baignent des deux côtés la grande île de Méroé, ;
que l’une s’appelle Astaboras,. et l’autre Astapus
[voyez la carte générale). Cette désignation si
précise ne peut laisser aucun doute.
Selon Pline, les centurions envoyés par Néron
pour explorer ces contrées, allèrent jusqu’à
Méroé : d’après leur rapport, la distance entre
Syène et l’entrée de l’île de Méroé était de huit
cent soixante - treize milles***w Si on longe le
fleuve en coupant de loin à loin, comme le
* Liy. ii , chap. 29.
» **, Liv. x v i, page l i t .
L'observation de Bruce , qui trouve que cette distance