mon séjour à Thèbes, il fallut se préparer au départ.
Le 5 septembre, je me rendis à Esné pour
me procurer une barque qui pût nous conduire au
Caire. Je profitai de l’occasion pour y faire de
nouveaux dessins complets de tous les sujets du
plafond qui peuvent avoir rapport au zodiaque.
Le 15, jetais de retour à Gournah. Ce village
est situé à un petit quart de lieue du fleuve;
aussi la journée du lendemain fut-elle employée
toute entière au transport et à l’embarquement
de mes collections et de mes effets. Le soir,
M. Letorzec et moi nous fîmes nos adieux à
Thèbes. Le 18 , en passant à Girgeh, nous
allâmes voir le bon père Ladislaw au couvent
chrétien. II avait bien voulu recevoir en dépôt
plusieurs de nos bagages, entre autres nos matelas,
dont nous avions tout-à-fait perdu l’habitude.
Plus nous approchions du Caire, plus nous
nous ressentions des aisances de là vie; à dater
de ce moment, nous pûmes enfin nous délasser
dans ün lit des fatigues de la journée.
Le 19, en face d’A’kmyn, le vent étant favorable,
nous descendions à la voile avec rapidité ;
une barque, plus grande que la nôtre, remontait
le fleuve et manoeuvrait en venant à nous. Notre
reys s’obstina à ne point se déranger de sa route.
La vergue de cette barque, en nous accostant,
s’accrocha à notre grand mât ; et nous allions
chavirer, si le mât, cédant heureusement au
choc, ne fût tombé dans le Nil avec sa voile :
nous en fûmes quittes pour la peur. Le capitaine
du port condamna notre reys à une amende ;
et c’était justice, car il avait tort.
Le 20 septembre, nous passâmes en vue de
Syout; quoique le Nil fût agité par un vent
presque continuel, nous étions obligés de voguer
au gré du courant.
Le 23, nous laissâmes Miniet derrière nous ;
le 24, le vent trop fort nous retint quelques
heures à Tcharon, village sur la rive droite du
fleuve, où se trouvent les restes d’un temple et
des puits de momies: durant cette relâche, je
ramassai chez les Arabes quelques scarabées et
d’autres bagatelles antiques. Quand je revins à
la barque, je trouvai une foule de femmes dont
les plus jeunes se pressaient pour y entrer : elles
passaient et repassaient en enjambant par-dessus
mes momies et une statue de granit. A mon approche,
elles se retirèrent un peu déconcertées.
Celles que j’avais vues se livrer avec tant d’ardeur
à ce bizarre exercice, n’avaient point encore pu
obtenir d’enfans: elles s’imaginaient qu’à Faide