posée beaucoup de hardes et de bagages épars.
A faide d’une longue-vue, je reconnus M. Linan
et plusieurs personnes de sa suite : sa barque
avait fait naufrage dans la nuit. Cette vue me
donna de vives inquiétudes pour la caisse que
je lui avais remise, inquiétudes malheureusement
trop bien fondées ; car n’ayant pu vérifier le dégât
et y porter remède que*quelques joués après,
j’eus le chagrin de voir mes graines et mon herbier,
quelle renfermait, considérablement endommagés
par l’eau. A l’approche de Philæ, le fleuve
se resserre entre de hauts rochers qui ne permettent
pas de suivre ses bords : nous prîmes un
chemin suç les hauteurs; et trois heures après,
nous descendîmes à Asouàn. Notre arrivée*
dans ce premier village d’Egypte fut pour nous
un grand jour de fête ; nous y trouvâmes des
Européens, des amis,' une bonne ncmrriture,
d’excellent pain de pâte levée ; toutes choses dont
nous étions privés depuis si long-temps. Nous
allâmes loger chez M. Sève*, qui avait entrepris
de former des troupes réglées à l’européenne
* Lyonnais, ancien lieutenant colon el, attaché au marécKal
Gtfouchr. Des circonstances politiqties le coMùisirent én É gyp té,
où je le vis lors de son arrivée. L ’un de ses compatriotes,
'M. G on en , m écanicien, Je protégea près du pacha^. dont il gagna
bientôt îa confiance et qu’il servit avec zèle. A Asouân , H avait
pour Mohammed-Aly : il était déjà parvenu,
non sans beaucoup de peine et même au péril
de sa vie, à montrer l’exercice aux rnamiouks
du pacha : ceux-ci l’enseignaient ensuite aux
autres troupes. Le pacha faisait des levées de
fellahs dans tous les villages de l’Egypte; avec
les nègres venus de Sa’ydeh, on comptait alors
quinze cents hommes de troupes à Asouân , qui
tous manoeuvraient à la française. Ainsi M. Sève
avait eu la gloire de mettre à fin une entreprise
dans laquelle jusqu’alors toutes les tentatives du
pacha avaient échoué, et qui avait été l’occasion
de troubles et de révoltes qui exposèrent
parfois celui-ci à des dangers imminens. Un
hôpital militaire se formait sur l’île d’Élêphan-
tine, sous la direction de M. Dussap, médecin
français, qui propageait les bienfaits de la vaccine
parmi les troupes.
A*Vant de m’éloigner de la Nubie, je me permettrai
de consigner ici quelques observations
propres à établir 1 antériorité de sa civilisation
sur celle de l’Egypte.
déjà monté un harem et s’était rendu familiers les usages turcs.
Lorsque je quittai l’Egypte , il me dit q u e, tout dévoué au pacha,
d avait résolu d’unir irrévocablement son sort au sien. J’appris
plus tard, sans en être surpris , qu’il avait embrassé l’islam ism e, et
reçu le nom et le titre de Soliman bey.