Le 20, les basses eaux nous permirent de
passer à gué sur lu rive gaucho du (louve. Nous
traversâmes Hanneq. A 10 heures, la chaleur
nous obligea de stationner au petit village de
Syd-semit; nous marchâmes ensuite 4 heures
encore ; et la nuit étant venue sans que nous eussions
trouvé de lieu habité, nous établîmes notre
bivouac sous des acacias près du fleuve. Ici une
route de 14 heures par le désert au sud abrège
beaucoup pour se rendre dans la province de
Sokkot, en ce qu’on évite de suivre un long
circuit que fait le fleuve.
Le 21, nous traversâmes une plaine déserte
dans l’est quelques degrés nord, et le soir nous
arrivâmes à Kouké, lieu de quelque apparence
pour le pays, où il existait un dépôt de vivres
pour farinée : ne pouvant trouver de dourah
à acheter, je m’en fis donner par le kàchef de
cet établissement. Je ne pus ici me procurer des
guides pour Sélimeh.
Le 22 mai, nous passâmes une seconde fois
devant les ruines de Sesceh ; et sur le milieu du
jour, nous nous reposâmes à Rott-fareh, lieu consistant
en diverses cabanes en paille et quelques
maisons situées sur un rocher qui domine le
fleuve, et sur lequel est un grand bâtiment ou
qasr, flanqué de tours carrées, dont les murs,
inclinés en talus, sont très-bien bâtis en pierre
jusqu’à un tiers de leur hauteur et en torchis
pour le reste. C’est là que les habitan» serrent
leurs récoltes et se renferment eux-mêmes,
lorsque les Arabes du désert ou les Chaykyés
viennent faire chez eux des incursions. Dans
cette province, on rencontre souvent des édifices
du même genre et qui ont une destination
pareille.
Chaque jour le thermomètre à l’ombre marquait
44 et 45 degrés : cette chaleur, qui nous
incommodait beaucoup, était sur-tout funeste
pour nos chameaux ; j’en laissai encore un sur
la route; c’était le cinquième que je perdais
depuis Sennâr. A quatre heures, nous prîmes
un chemin par le désert, plus praticable que
celui qui longe le N il, que nous connaissions
déjà; et le soir nous primes gîteàGimba, petit
hameau situé sur le bord du fleuve.
Le 23, après une traite pénible à travers les
rochers dont la rive est hérissée, nous nous
reposâmes quelques heures à Kohé; puis nous
prîmes, à travers le désert, un chemin moins
mauvais, qui nous conduisit à Gourien-Taoua.
Je ne fis alors que passer devant cette belle