où nousavious passé la veille : il desirait de connaître
au juste quels pourraient être les produits
de ces sables. Haggi-Hammed vint avec moi, et
emmena trois cents hommes de cavalerie. J’employai,
durant tout le jour, les nègres à ramasser
et à laver des terres prises dans toutes les cavités;
et le soir nous avions recueilli 12 grains
dor! Les nègres m’assurèrent qu’il leur arrivait
rarement d en- obtenir davantage. Ce produit était
loin de pouvoir satisfaire le pacha. Revenus au
camp, nous y trouvâmes quatre cents Bédouins,
reste des cinq cents qui étaient partis comme
nous de Sennâr, et qui avaient fait route sur la
rive droite du Nil jusqu’à la hauteur du Fazoqï,
où ils lé traversèrent. Leurs ordres portaient de
ne rien entreprendre; cependant, au passage de
la montagne d’Aqarô, ayant jugé l’occasion favorable,
ils attaquèrent les nègres et leur firent
cinquante prisonniers. Selon leur rapport, les
terres qu’ils avaient parcourues sont beaucoup
mieux cultivées que celles qui sont à la gauche
du fleuve. On apprit d’eux qu’un convoi de poudre
et autres munitions, parti du Sennâr, et qui était
impatiemment attendu, avait été attaqué et pris
par les indigènes, à peu de distance du Fazoql,
et que vingt-cinq homiùes qui l’escortaient avaient
été massacrés. Cette nouvelle affligea vivement
Ismâyl, qui était à la veille de manquer de
poudre.
Le 26, j’allai avec lui soumettre à de nouveaux
essais les sables aurifères : le résultat n’en
fut ni plus ni moins fructueux qu’auparavant.
Le 27, le pacha, voulant profiter de l’arrivée des
troupes qui étaient venues fort à propos renforcer
les siennes, résolut de tenter une excursion
dans les montagnes de Fâdoqah, à une journée
de marche au nord d’Abqoulgui. Le détachement
était composé de cinq cents Bédouins et Os-
manlis. Les Bédouins montèrent avec intrépidité;
mais les Osmanlis, ou manquèrent de courage,
ou montèrent avec tant de lenteur, que les Bé-
doùins, exposés seuls à la chute des pierres et
des lances que les nègres faisaient pleuvoir, se
virent forcés de se replier : cependant les Os-
m ^lis s’étant enfin réunis à eux, ils remontèrent
ensemble. Un était plus temps ; les nègres avaient
pris la fuite. Le 29 janvier, de retour au camp,
les Bédouins ramenèrent dix esclaves : ils se plaignirent
amèrement de la lâcheté des Osmanlis.
Le pacha fit infliger à plusieurs la bastonnade ,
sans user cependant d’une sévérité que sa position
critique ne lui permettait pas de faire pa