qui servait de mosquée. Nous avions si bien
copié les manières et la tournure des Musulmans,
que ce furent des Nubiens eux-mêmes qui nous
indiquèrent cette retraite. Le. repos que nous y
prîmes s’étant prolongé un peu tard, la nuit
nous surprit en route , et son obscurité nous
obligea de bivouaquer jusqu’au jour sous des
palmiers au bord du fleuve.
Le 15 juin, nous arrivâmes de bonne heure
à Beyllagy, près de la montagne d’EbsamboI.
Ne voulant point partir sans avoir vu l’intérieur
du temple, je pris des Arabes pour déblayer les
sables qui en avaient de nouveau fermé l’entrée.
Sa façade a 117 pieds de longueur sur 88 environ
d’élévation ; on y voit quatre statues colossales
assises, sculptées dans le rocher même; les
oreilles de ces figures ont 3 pieds et demi, la
face a 7 pieds de haut, la distance entre les épaules
est de 25 pieds et demi, leur hauteur totale, y
compris le bonnet, est d’environ 65 pieds. Cette
façade est terminée à sa corniche par le nombre
sacré de vingt-une statues de singes éthiopiens.
Elle a du rivaliser avee celles des plus beaux
monumens d’Egypte : c’est la plus imposante et
la plus belle qui se fasse remarquer en Nubie*.
' * Je n’entreprendrai point de décrire ces monumens de la basse
En me couchant à plat ventre, je pus passer sous
le fronton du temple et me faire glisser sur le
sable dans l’intérieur : mon guide y avait allumé
un flambeau Je fus frappé d’admiration en promenant
mes regards dHis cette sombre enceinte.
J ’y remarquai huit statues de 22 pieds de haut
environ, taillées dans le roc, ainsi que les piliers
auxquels elles sont adossées. On y compte quatorze
salles ou chambres : plusieurs sont ornées
de sculptures coloriées, qui représentent des
scènes guerrières ; on y vqit l’assaut d’une place
forte , où se fait distinguer le principal personnage
monté sur son char de bataille. Ailleurs ,
ce même guerrier foule aux pieds des prisonniers
de diverses nations * et semble prêt à leur donner
la mort t là ce sont des courses de chars; ici, des
sacrifices, des processions et une foule d’autres
sujets d’autant plus curieux, qu’ils ont une grande
analogie avec ceux de l’Egypte et principalement
de Médynet-Abou et du Memnonium*. Je passai
N u b ie, déjà beaucoup connue par la belle collection dp gravures
publiée par M. Gau jusqu’à Ouâdy-Halfah. Je me suis attaché à
ne décrire et dessiner que les monumens au-dessus de ce lieu qui
nous étaient inconnus.
* MM. S a it, Gau et Linan ont dessiné tout ce qu’il y avait de
plus intéressant. Nous devons vivem ent desirer que le premier
mette bientôt au jour le fruit de ses travaux. Ses connaissances