LE SAÎ A GORGE BLANCHE
MÂLE.
S i Buffon avait plus considéré les formes que les couleurs dans les Singes â
queue prenante d’Amérique, au lieu de donner à cet animal le nom de Sàï,
il l’aurait appelé Sajou, à cause des rapports de ce Singe avec le Sajou gris;
ou plutôt, ce qui aurait beaucoup mieux valu, en voyant les différences qui
le séparent du Saï et des Sajous bruns et gris, il lui aurait donné un nom
particulier et propre à le distinguer, comme espèce de toutes les autres. En
effet, ce Sapajou n’est ni un Saï par les formes de la tête, ni un Sajou par
la nature et les couleurs des poils; il a des caractères propres et assez importants
pour quil ne soit pas permis de le confondre avec les autres espèces
du genre auquel il appartient. Cependant, il a le trait distinctif de sa famille;
trait qui ne s’efface point, et dont la fixité a contribué à faire naître l’idée
de réunir les Sais et les Sajous en une seule et même espèce : c’est la teinte
des parties antérieures du corps plus pâle que celle des autres parties, et la
calotte noire du sommet de la tête. En effet, suivant qu’on regardait le Saï ou
le Sajou gris, par exemple, comme type de l’espèce, et suivant qu’on admettait
que les couleurs, dans leurs variations, étaient devenues plus sombres ou avaient
pâli, le Saï à gorge blanche ou le Sajou brun venait après, et la série des
variétés connues se terminait par le Saï ou le Sajou gris : seulement on reconnaissait
que les variations des couleurs aux parties antérieures du corps et aux
parties postérieures ne suivaient pas dans leurs changements la même progression;
car le Saï à gorge blanche a ordinairement les épaules, les bras et les
côtés de la tête d’un blanc très-pur, et le reste du corps d’un noir très-foncé.
J’ai vu un assez grand nombre de ces Sais : un seul montreur d’animaux en
avait réuni sept de différents sexes et de différents âges; et ils ne se distinguaient
point sensiblement l’un de l’autre : les plus âgés avaient la tête plus
grande que les plus jeunes, et le blanc des épaules prenait chez quelques-uns-
une teinte jaunâtre ; mais ces légères variations ne les faisait point méconnaître,
et ne conduisait point à les confondre avec les autres espèces de Sajous : leurs
caractères distinctifs se conservaient toujours purs et tranchés.
L’individu dont je donne la figure était un jeune mâle. Il avait de l’origine