LE COAITA.
ous joignons communément à l’idée de singes, celle de pétulance et d’activité,
et nous voyons, dans la structure des membres de ces animaux, une des
sources principales de la vivacité de leurs mouvements et de leur prodigieuse
adresse; en effet, lorsque nous voulons nous représenter un animal indolent,
dont toutes les déterminations sont molles et incertaines, nous lui donnons un
corps épais et des membres courts. En un mot, c’est dans l’organisation, dans
la disposition et'les rapports des os et des muscles, que nous voulons sur-tout
trouver l’explication de la facilité plus ou moins grande avec laquelle les actions
s exécutent.-Un etre qui, avec les dispositions organiques les plus favorables,
n’agirait cependant qu’avec lenteur et embarras, nous semblerait un contre-sens,
et nous craindrions d’en accuser la nature. Mais dans les sciences, une seule
observation nouvelle suffit pour détruire les règles les plus solidement établies
en apparence; et nous devons toujours craindre que ce qui nous paraît être le plus
nécessaire, né le soit nullement pour elle. Par exemple, le C o à ït a , qui est un singe
mieux conformé encore que les autres pour se mouvoir avec vivacité, puisqu’il
a des membres plus longs, et une queue qui est pour lui une cinquième main,
ne se fremue généralement qu’avec lenteur; et pour ainsi dire en se traînant.
Ses bras et ses jambes semblent ne se déplacer qu’avec peine ; on dirait qu’il a
besoin dune détermination nouvelle pour chacun de ses mouvements, et que
l’intelligence qui agit avec tant de lenteur, est d’une nature particulière, et a
quelque chose des substances que nous ne concevons exister que dans l’étendue
et la duree. Cet animal est cependant bien loin d’être dépourvu de jugement; je
pense meme quil en a un de plus de capacité que la plupart des autres singes, et
sur-tout que les plus pétulants; et il joint a beaucoup de pénétration, le naturel
le plus doux, les besoins les plus affectueux. L’individu dont je parle est une
femelle, jeune encore, et je ne la possède que depuis très-peu de temps. Tout
son corps, est recouvert de poils noirs, soyeux, rudes et longs, mais moins épais
aux parties inférieures qu’aux supérieures; il n’a aucune trace de poils laineux.
La face', ainsi que la peau du corps, est d’une couleur de chair cuivrée, et les
mains sont noires. Celles-ci sont entièrement dépourvues de pouce à l’extérieur,
mais non pas les pieds; d’ailleurs, ces organes sont conformés comme ceux des
autres quadrumanes, si -ce n est que le C o a ït a a les doigts plus longs. Les dents
sont frugivores : il y a quatre incisives à chaque mâchoire, deux canines et douze
molaires à couronne mousse, comme celles de l’homme. Tous les sens sont semblables
à ceux des sajous: les yeux ont la pupille ronde et aucun organe accessoire;
les oreilles ressemblent aux nôtres, mais n’ont point de lobe; les narines s’ouvrent