un homme qui marche, un chien qui court,' semblent ne faire sur-lui qu’une
même impression. Toutefois, moins borné que d’autres rongeurs, il sait se défendre
et mord cruellement. Chaque terrier se compose au moins de deux issues,
l’une qui conduit dans un boyau ou canal oblique, à l’entrée duquel 1 animal
rejette et accumule la terre qu’il est forcé d’enlever, 1 autre qui sert dembouchure
à un canal vertical, entrée véritable du terrier. Ces deux canaux conduisent
à un nombre plus ou moins grand d’excavations particulières, de forme
circulaire, qui, suivant l’âge de l’animal, ont depuis un jusqu’à cinq pieds de
diamètre, et qui communiquent entre elles par des conduits horizontaux. Lune
de ces excavations sert de retraite au Hamster; elle est garnie d un bon lit
d’herbes sèches, et c’est dans celle-là que les femelles mettent bas leurs petits;
les autres forment les magasins.
Chaque animal a son terrier; les mâles ne pratiquent ordinairement que deux
issues aux leurs; les femelles leur en donnent plusieurs par des conduits verticaux
, sur-tout lorsqu’elles ont des petits. Les terriers des vieux individus embrassent
quelquefois une étendue considérable ; ils descendent à quatre ou cinq
pieds de profondeur et renferment fréquemment plusieurs boisseaux de blé,
ou de tout autre grain. Aussi les recherche-t-on avec soin, autant pour recueillir
ce qu’ils contiennent que pour détruire les animaux qui les forment et qui,
quand ils sont nombreux, causent les plus grands dégâts dans les moissons.
Dans les environs de Gotha, on en a tué, dit-on, en une seule année, jusqua
quatre-vingt mille. On les reconnaît à la présence de la terre qui se trouve à l’entrée
du conduit oblique. Mais ces rongeurs ne sont pas seulement granivores; ils se
nourrissent aussi de chair, et se dévorent souvent les uns les autres lorsqu’ils se
rencontrent. C’est pourquoi, semblables aux animaux les plus féroces, ils vivent
seuls et ne se recherchent qu’au temps des amours. On ne connaît pas précisément
les circonstances de leur reproduction ; il parait que le rut a lieu
plusieurs fois dans le courant du printemps, de l’été, et de 1 automne, que la
portée des femelles est de quatre semaines, qu’elles en ont trois ou quatre
chaque année, de, six à douze- petits, et qu après un allaitement tres-court,
ceux-ci quittent leur mère pour aller se creuser, à leur tour, chacun un terrier,
et vivre de leurs propres ressources.
Quelques auteurs assurent que les Hamsters passent l’hiver dans une profonde
léthargie; d’autres ont témoigné des doutes sur 1 hibernation de ces animaux; il
paraît cependant bien certain qu’elle a lieu, et qu’à cette époque, toutes les
issues des terriers sont bouchées, ( Buffon, éd. d’Allamand, tom. XIII).
Le Hamster surpasse un peu, par sa taille, le rat ordinaire dont il a la forme de
la tête et la physionomie générale. Cependant, malgré les rapports nombreux qui
rapprochent ces animaux, ils diffèrent essentiellement par d autres et forment
deux genres très-distincts. Les Hamsters , comme les rats, ont quatre incisives et
douze molaires, partagées également entre chaque coté des deux mâchoires, et
ces dents ont les mêmes rapports entre elles, Mais, chez le rat, leur couronne
est formée de tubercules disposés irrégulièrement, tandis que la couronne des
dents, chez le Hamster, est divisée par des sillons très-réguliers qui forment des
tubercules très-réguliers eux-mêmes. A la mâchoire supérieure, la première de ces
dents a trois paires de racines et trois paires de tubercules formés par deux
sillons transversaux, et par un troisième qui partage la dent dans le sens de
sa longueur. La seconde, plus petite que la première, n’a que deux paires de
racines et quatre tubercules, et la troisième, la plus petite de toutes, a trois
racines et trois tubercules. Les dents correspondantes à celles-ci, à la mâchoire
inférieure, ne leur ressemblent pas entièrement: la première n’a que cinq racines
et cinq tubercules, parce que sa partie antérieure n’est point divisée, et
les deux qui suivent se ressemblent tout-à-fait : elles ont quatre racines et quatre
tubercules, et sont de la même grandeur. Lorsque l’âge, en usant la couronne de
ces dents, en efface les tubercules et les sillons, elles sont encore reconnaissables
par le feston que leur bord présente et dont les enfoncements comme les saillies
correspondent aux sillons et aux tubercules qui existaient auparavant. Les
pieds de devant ont quatre doigts, avec un rudiment de pouce garni d’un ongle,
qui, tout imparfait qu’il est, peut être considéré comme un véritable doigt, car
on trouve sous la peau les phalanges dont il se forme. Les pieds de derrière
ont cinq doigts bien distincts, et ceux-ci, comme les premiers, sont entièrement
libres. Tous ces doigts sont garnis d’ongles longs et aigus assez propres à fouir.
La queue, qui est conique, a dix-huit à vingt lignes de longueur. Les yeux petits,
globuleux et saillants, ont je crois une pupille ronde; la conque externe des
oreilles est assez étendue, arrondie et simple; les narines sont ouvertes, sur les
côtés d*nn petit mufle, partagé dans son milieu par un sillon; la lèvre supérieure
est divisée par une fente qui n’est que le prolongement du sillon du nez; l’inférieure,
très-petite, recouvre à peine les incisives; la langue est épaisse et
douce, et de larges abajoues garnissent l’intérieur de la bouche; la plante des
pieds et la paume des mains sont garnis de tubercules particuliers que l’animal,
que j ’ai sous les yeux, et qui est vivant, ne me laisse pas la liberté de décrire;
la lèvre supérieure est garnie de longues moustaches; enfin la verge est dans un
fourreau libre et pendant, et le scrotum se distingue très-peu de l’abdomen.
Tout le corps de cet animal est revêtu d’un poil assez long, épais et doux,
généralement d’un fauve-grisâtre aux parties supérieures, où il y a des poils noirs,
gris et fauves, et d’un noir-foncé aux parties inférieures. Cependant les côtés de la
tête, le tour des oreilles, les côtés du corps et les fesses sont d’un fauve assez brillant,
et l’on voit trois taches d’un blanc-jaunâtre de chaque côté du corps, l’une
en arrière, et l’autre en avant de l’épaule, et la troisième sur la mâchoire
inférieure. Le tour des lèvres est blanc ainsi que les parties antérieures des
quatre extrémités; et comme le noir du dessous du corps remonte sur les bras,
l’animal semble avoir une tache de cette couleur entre les deux taches jaunâtres
voisines de l’épaule, dont nous avons parlé plus haut. Tous les poils,
excepté les blancs, sont gris à leur base. La peau est bleuâtre et couleur de
chair au nez et aux doigts qui sont presque nus. Les ongles sont blancs, et
les moustaches très-longues et noires. On voit sur les flancs un tache noire
étroite, résultant d’une disposition particulière des poils qui, dans cet endroit,
se séparent comme s’il devait se trouver au-dessous quelque organe particulier,
que cependant on n’a pas encore reconnu.
Le Hamster que je possède est d’une propreté extrême; sans cesse il est
occupé à polir et à nettoyer ses poils avec ses pattes, et à lécher ses doigts qu’il
ramène ensuite sur toutes les parties de son corps. Il grimpe avec facilité en