queue est noirâtre; les pieds sont entièrement noirs, et la face est livide, et à-
peu-près nue; mais entre les deux yeux se trouve une partie beaucoup plus
blanche que celles qui l’environnent, et ë’est un des caractères assez remarquables
de l’espèce; mais il n’a malheureusement pas pu être bien conservé dans nos
figures à cause des ombres. Des poils verdâtres, courts, s’avancent sous les
pommettes comme des favoris. La tête ne présente ni aigrette ni crête; les poils
du sommet sont couchés uniformément d’avant en arrière,&et les poils des joues,
qui sont gris et rares, se dirigent en avant. Le tour de la prunelle est brun.
Les parties de la génération sont couleur de chair, le gland est piriforme, et
le scrotum volumineux. Les canines sont très-fortes et très-longues. Cette espèce
est une de celles qui résistent le plus aux moyens qu’on emploie pour soumettre
et apprivoiser les singes.
La femelle est sensiblement plus petite que le mâle; elle n’a guère que quatorze
pouces de longueur; ses proportions sont plus ramassées. Sa tête est plus
petite et sa crête sourcillière n’est pas à beaucoup près aussi saillante, quoiqu’elle
recouvre également les yeux. Elle a deux mamelles sur la poitrine, et
ses parties de la génération ne paraissent point entourées, à l’époque du rut,
de ces exubérances si remarquables, et quelquefois si monstrueuses chez d’autres
espèces des M a c a q u e s , de Babouins, et même de Guenons. Les canines sont
petites et ne dépassent pas les incisives, caractère de toutes les femelles du
genre; sa face est entourée de poils gris, longs et droits, qui lui donnent un
air hérissé que n’a point le mâle. Les poils du sommet de la tête se dirigent
vers la ligne moyenne, et forment là une crête'assez- élevée qui s’étend du haut
du front à l’occiput, cç*qui forme le^.càractère de l’aigretté. Du reste cette femelle
ressemble entièrement à son mâle; elle en a les habitudes, le caractère, etc.
Le mâle et la femelle dont je viens de donner la description se trouvaient
dans des loges contiguës, et pouvaient se voir; ils annonçaient la meilleure intelligence,
et bientôt ils furent réunis. L’un et l’autre étant adultes, habitués à
l’esclavage, et en bonne santé, l’accouplement eut lieu; et dès-lors j’eus l’espoir
que la femelle concevrait, et qu’on pourrait suivre sur les petits qu’elle mettrait
au monde, le développement de son espèce; en conséquence, j’ordonnai
qu’on la séparerait de son mâle, dès quelle paraîtrait le fuir, ou dès qu’elle
ne montrerait plus de menstruation. Ces animaux vécurent ensemble environ
une année, s’accouplant chaque jour trois du quatre fois, à la manière à-peu-
près de tous les quadrupèdes. Pour cet effet le mâle empoignait la femelle aux
talons, avec les mains de ses pieds de derrière, et aux épaules, avec ses mains
antérieures, et l’accouplement ne durait que deux ou trois secondes. La menstruation
n’ayant plus reparu vers le commencement d’août, cette femelle fut
soignée séparément; et pendant les quatre-vingt jours qui suivirent, aucun accident
n’eut lieu : les mamelles se gonflèrent, et le ventre prit son accroissement,
sans que la santé de l’animal en parût altérée; enfin, dans la nuit du 16 au
1 7 octobre 1 8 1 7 , elle mit bas un M a c a q u e femelle très-développé, et fort bien
portant; il avait les yeux ouverts ; ses ongles étaient entièrement formés, et
ses mouvements étaient libres ; mais il ne pouvait point se soutenir, et restait
couché; on ne lui a pas entendu jeter de cris. Cependant, sa mère ne l’adopta
LE MACAQUE. 3
point, il ne fut pour elle qu’un animal étranger; rien ne la porta à lui donner
des soins; elle ne manifesta d’aucune manière le besoin de l’allaiter, et l’abandonna
bientôt entièrement. J’avais craint cette aberration de l’instinct: je savais
que chez les animaux en esclavage, lorsqu’ils ne sont pas soumis jusqu’à la
domesticité, les facultés de l’intelligence s’altèrent au plus haut degré.
On essaya d’allaiter ce jeune M a c a q u e artificiellement; mais il ne vécut que
jusqu’au lendemain. La mère ne parut point souffrir du lait qui remplissait
ses mamelles, et qui s’écoula en partie au dehors; vers le quatrième jour ces organes
s’affaissèrent, et reprirent leur état ordinaire. Le rut reparut dix jours
après. Il était peu vraisemblable que la gestation'n’eût duré que depuis l’époque
de la dernière menstruation jusqu’à celle de la mise bas; ce qui aurait fait environ
trois mois; une autre espèce de ce genre ayant eu une portée de sept
mois; il faudrait donc en conclure que la menstruation de notre M a c a q u e reparut
plusieurs fois depuis la conception. Voici la description détaillée du jeune
animal dont nous venons de parler :
Longueur du corps, des callosités au sommet de la tête, .....................6 pouces 3 lignes.
— de la tête, de l’occiput au bout du museau,........................» 7
— de la queue, de son origine à son extrém ité ,.......................... 7 9
— de la jambe, dit genou au talon, ....................... a 4
— de la cuisse, du genou à la téte du fémur, . . . ................. 1 1 j
— du pied, du bout du grand doigt au t a l o n , ....................... a 4 •
— de l’avant-bras, depuis le coude à l’articulation du poignet, 1 i r
' ‘ du bras, de l’épaulé au coudé, . ................................. . . » »
— de la main, du bout du grand doigt au poignet 1 8
La tête de ce jeune M a c a q u e était longue d’arrière en avant, comparée à sa
largeur de droite à gauche; le museau saillant, mais le front droit; sa peau
avait une teinte livide, excepté entre les yeux oii elle était blanche; tous ses
poils étaient noirs, les parties supérieures du corps en avaient le plus, mais
nulle part ils ne couvraient assez la peau pour qu’elle ne se vît pas. Les parties
inférieures étaient presque entièrement nues. Le poil de l’extrémité dé la queue
paraissait le plus long et la terminait en une mèche. Au sommet de la tête il
s’écartait de la ligne moyenne, en se dirigeant obliquement en arrière, et il se
réunissait ensuite à l’occiput en une sorte de crête. On voyait deux petites mamelles
sur la poitrine; les callosités étaient^saillantes, mais non encore calleuses.
En janvier 1818 notre femelle M a c a q u e fut de nouveau réunie à son mâle,
qui la couvrit le 25. Aussitôt ces animaux furent séparés, et dans le courant
de mars on s’aperçut que la conception avait eu lieu, par le développement du
ventre et des mamelles, quoique la menstruation fût toujours revenue chaque
mois; enfin notre M a c a q u e mit bas le 19 juillet suivant d’une femelle qui eut
le sort de la première, et qui lui ressemblait à tous égards. Ainsi, par cette nouvelle
expérience, sur l’exactitude de laquelle il ne pouvait s’élever aucun doute,
la portée avait dure sept mois, comme je l’avais déjà observé sur une autre
espèce de ce genre.
Pendant le cours de la première année, il paraîtrait, à en juger par le jeune
maie dont je donne la figure, que le museau s’allonge et que la tête se rétrécit